Avec cela, Trinto a trahi la promesse officielle qu’il avait faite au Québec. Au lieu d’une réforme qui tiendrait compte de leurs ambitions historiques, ce que le premier ministre avait sous-entendu, la 82e Constitution enlevait des pouvoirs au Québec, dans des domaines vitaux comme la langue et la culture, sans compter la perte d’un veto constitutionnel. À la suite de cette réforme, des juges fédéraux exerçant à Ottawa nous ont imposé le bilinguisme et le multiculturalisme canadiens. Ils ont annulé les lois de notre identité dans de nombreux cas, la première loi 101 et, plus récemment, la loi 21. Pierre Trudeau a réussi grâce à la complicité de la Cour suprême. Comme je l’ai démontré dans mon livre La bataille de Londres, au moins deux juges, dont la Cour suprême, ont partagé des informations en temps réel avec les gouvernements fédéral et britannique. Cela viole le principe fondamental de la séparation des pouvoirs. La Cour suprême devait se prononcer sur la constitutionnalité de la paternité et a jugé que notre consentement n’était pas nécessaire, ce qui a permis à Trinto d’isoler sa propre province, avec l’appui du Canada anglais. Reconnaître le Québec comme nation Le Québec continue de subir les conséquences dévastatrices du rapatriement. De nombreux gouvernements ont essayé de réduire l’impact négatif dans le passé sans succès. Avec la loi 96, la CAQ fait la même chose. Unilatéralement, cette loi forcera la reconnaissance du Québec comme nation dans la Constitution. C’est un pas lâche dans la bonne direction. Le problème avec la CAQ, c’est qu’elle n’a pas le rapport de force nécessaire pour atteindre ses objectifs. Inspirons-nous de la… Nouvelle Terre ! Au moment de leur rapatriement, plusieurs nations autochtones se sentent trahies par le traitement qu’elles reçoivent des provinces anglophones et des États fédéraux. Ils avaient baissé les drapeaux aux réserves le 17 avril. En 2004, le premier ministre de Terre-Neuve, Danny Williams, était déçu de l’évolution des négociations entre Ottawa et son comté sur les droits aux ressources naturelles côtières. En signe de protestation, il ordonna le retrait des drapeaux canadiens de tous les édifices provinciaux. Peu de temps après, il obtient gain de cause. En ce 40e anniversaire de son rapatriement, François Legault devrait s’inspirer de cet exemple. Pour dénoncer une injustice et une trahison, pour obtenir des gains constitutionnels, la fleur de lysé devrait être réduite à tous les édifices gouvernementaux du Québec.