A quatre jours du premier tour de l’élection présidentielle française, dimanche 10 avril, un horizon politique plus qu’incertain se dessine. Si la finale qui semble se dessiner entre Emanuel Macron et Marin Le Pen est celle qui est prévue depuis plusieurs mois, l’écart entre le président sortant et le candidat d’extrême droite ne cesse de se réduire, y compris au second tour. En embuscade à gauche, Jean-Luc Mélenchon aurait très bien pu surprendre.
Au terme de cette drôle de campagne – où le débat politique a toujours occupé le second plan, d’abord derrière l’épidémie de Covid-19 puis après la guerre d’Ukraine – l’état d’esprit des Français est potentiellement explosif. Ils sont donc peu intéressés par une compétition électorale entre les candidats et encore moins par une confrontation de projets. Environ 37 % d’entre eux se sentent proches de la « France en colère et très protestataire », 55 % de la France « mécontente ».
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Tout se passe comme si les mouvements actuels n’attendaient que le jour du scrutin pour se faire jour. Tels sont les principaux enseignements de la neuvième vague d’études électorales menées par Ipsos-Sopra Steria en collaboration avec le Centre de recherche politique de Sciences Po (Cevipof) et la Fondation Jean-Jaurès pour Le Monde.
La force de notre panel est sa largeur, puisque l’échantillon utilisé est de 12 600 personnes. Les intentions de vote au premier tour sont calculées par les répondants “certains d’entre eux voteront en ayant exprimé une intention de vote”, soit 8.341 personnes. Résultat : la marge d’erreur pour le premier tour est très faible, entre 0,2 et 0,9 point. L’enquête s’est déroulée du 2 au 4 avril, soit dix jours après la précédente.
Une finale supposée familière mais proche
Avec respectivement 26,5% d’intentions de vote (marge plus ou moins 0,9 point) et 21,5% (même marge d’erreur), Emanuel Macron et Marin Le Pen devront à nouveau s’affronter au second tour, comme en 2017. Macron – qui a officialisé tardivement sa candidature – a toujours fait figure de précurseur depuis octobre 2021. Cependant, il connaît une érosion des intentions de vote en sa faveur (- 4 points en un mois) quand, dans le même temps, l’extrême droite Le candidat a remporté 7 points. Il faut dire que la campagne de M. Macron semble douloureuse et lui-même semble loin, apportant des mesures anti-populaires (le seuil de départ à la retraite est ramené à 65 ans ou les contreparties exigées pour le revenu de solidarité active). Preuve de sa dynamique, Mme Lepen convainc pour sa part les électeurs d’Eric Zemour (qui dispose de 10%, marge d’erreur à plus ou moins 0,6 point) mais aussi M. Macron. Il ne vous reste plus qu’à lire 71,27% de cet article. Ce qui suit est réservé aux abonnés.