« Nous encourageons la victime à venir nous rencontrer et nous l’avons contactée. Nous la suivrons pour voir où elle se trouve et si elle veut porter plainte. Si tel est le cas, nous créerons évidemment un rapport d’incident et il sera acheminé à nos enquêteurs spécialisés en agression sexuelle », a déclaré la porte-parole de la police de Gatineau, Renée-Anne St-Amant. • Lire aussi : Philippe Bond se retire de la vie publique • A lire aussi : “Ça n’arrivera en aucun cas dans une suite judiciaire”, estime Nicole Gibeault • À lire aussi : Allégations de harcèlement sexuel : Philippe Bond lâché par Bell Média La plaignante a confié au journal que Bond l’avait forcée à pratiquer le sexe oral dans les toilettes de l’hôtel Casino du Lac-Leamy. Deux semaines plus tard, elle a décidé de porter plainte, mais les policiers qu’elle a rencontrés étaient surtout préoccupés, dit-elle, par l’impact sur la carrière de l’humoriste. Alors il est parti. Une autre femme qui s’est rapportée à cette enquête a dit avoir subi un traitement similaire lorsqu’elle a voulu dénoncer Philippe Bond au Service de Police de la Ville de Montréal (SPVM). L’ancien chef de l’enquête sur la prostitution enfantine à la police du Québec et professeur de techniques policières, Roger Ferland, rappelle que le policier de première ligne a le devoir de transmettre le dossier aux enquêteurs spécialisés. “On dit à la patrouille que quand quelqu’un leur parle d’une agression sexuelle, tu prends du recul et tu appelles les enquêteurs pour ne pas brûler le dossier. » L’ancienne sergent-détective Lorraine Leblanc, qui a travaillé pendant 15 ans à la division des enquêtes sur les crimes sexuels du SPVM, est d’accord. “Ce n’est pas à la police [en première ligne] pour juger s’il s’agit ou non d’une agression sexuelle. » Le statut social de la personne visée par les plaintes ne doit en aucun cas influencer le travail du policier, ajoute M. Ferland. “J’espère que personne ne recommencera en 2022 et j’espère que ce n’est pas ce qui s’est passé. » Pourtant, l’affaire Philippe Bond met une nouvelle fois en lumière la difficulté pour une victime de crimes sexuels de dénoncer l’auteur. Il faut parfois des semaines, des mois, voire des années pour se convaincre d’aller voir un policier, raconte Deborah Trent, directrice générale du Centre d’aide aux victimes d’agressions sexuelles de Montréal. « Il faut se mettre dans la tête d’une victime, qui doit se rendre à un guichet dans un commissariat et doit parler à un inconnu pour lui raconter une histoire familière sur laquelle il se juge probablement. Il faut un courage fou. »