Des chercheurs de l’Inserm, de l’Institut Pasteur de Lille, du CHU de Lille et de l’Université de Lille se sont associés à des équipes européennes, américaines et australiennes pour mener à bien cette recherche. Leur étude, publiée dans la revue Nature Genetics, recense 75 régions du génome humain associées à la maladie d’Alzheimer, dont 42 qui n’ont jamais été impliquées dans cette pathologie à ce jour. La nature multifactorielle complexe et la puissante composante génétique de la maladie d’Alzheimer sont connues depuis longtemps. La majorité des cas seront en fait causés par l’interaction de différents facteurs prédisposants génétiques avec des facteurs environnementaux. La caractérisation des éléments génétiques de la pathologie est l’un des plus grands défis de la recherche, avec l’espoir de mieux comprendre son origine et de proposer de nouveaux traitements. Les scientifiques ont identifié 75 zones du génome #associées à la maladie d’#Alzheimer. Ils ont également construit un #score de risque qui permet de mieux évaluer la progression de la maladie chez les personnes atteintes de troubles cognitifs. pic.twitter.com/lbfCqpa21o — Inserm (@Inserm) 4 avril 2022 Pour ce faire, l’équipe internationale qui a mené cette nouvelle étude a réuni le plus grand groupe de patients Alzheimer jamais vus, afin d’analyser l’ensemble de leur génome. Au total, 111 326 personnes y ont participé : certaines avaient reçu un diagnostic de maladie d’Alzheimer, d’autres avaient des proches atteints de la maladie. Dans le même temps, 677 663 personnes ont servi de “témoins” sains. Les données ont confirmé le rôle important de l’accumulation du peptide bêta-amyloïde et de la modification de la protéine Tau, deux phénomènes pathologiques cérébraux déjà impliqués dans la pathologie. Selon Jean-Charles Lambert, directeur de recherche à l’Inserm, ces analyses révèlent aussi “un dysfonctionnement de l’immunité innée et l’action de la microglie (une cellule immunitaire du système nerveux central qui agit comme un ‘éboueur’ en éliminant les substances toxiques) ” agit sur la maladie d’Alzheimer “. Pour la première fois, le blocage de la voie de signalisation dépendante de la voie tumorale (TNF-alpha) a également été démontré.
Améliorer le diagnostic Ces résultats éclairent d’un jour nouveau la recherche thérapeutique, ouvrent de nouvelles voies et en confirment d’autres. Les scientifiques souhaitaient également améliorer le processus de diagnostic de la maladie d’Alzheimer. A la lumière de leurs découvertes, ils ont ainsi construit un score de risque génétique, qui permet de mieux évaluer, chez les individus souffrant de troubles cognitifs, l’évolution vers la pathologie trois ans après la détection des troubles. A l’heure actuelle, cet outil n’est pas dédié à la pratique clinique, mais “pourrait être très utile dans la mise en place d’essais thérapeutiques pour catégoriser les participants selon le risque et mieux évaluer l’intérêt des médicaments contrôlés”, explique Jean-Charles Lambert. Etant donné que les recherches génétiques ont jusqu’à présent été menées principalement dans des populations d’origine caucasienne, il s’agira à l’avenir de déterminer si les facteurs de risque identifiés sont les mêmes d’une population à l’autre. L’équipe de recherche envisage également de poursuivre ses travaux sur un groupe encore plus large de patients et s’intéresse, en plus de la génétique, à l’implication de la biologie cellulaire et moléculaire dans le développement de la maladie.