Avec un grand sourire, Loïg Chesnais-Girard traverse le vieillissant Conseil régional de Bretagne, quasiment vide à l’issue de la séance du vendredi 8 avril. Le président (Parti socialiste) de la collectivité tient à féliciter son adversaire Aziliz Gouez, un représentant du groupe Breizh a-gleiz qui regroupe les séparatistes britanniques. Son vœu d’autonomie de la région a été voté avec enthousiasme par tous les conseillers régionaux de gauche, du centre et de droite. Seuls ceux de la Coalition nationale s’y sont opposés. “Je savais qu’on aurait un débat, mais pas qu’on se rassemblerait autant autour de l’idée d’autonomie. Cela ne fait pas partie de la grammaire politique française. “La preuve que la Bretagne est mature”, estime Aziliz Gouez. L’élu a profité de l’échange sur le changement de régime de la Corse lancé ces dernières semaines par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin pour relancer le débat sur l’autonomie britannique. Lire aussi : Article pour nos abonnés Yvan Colonna, des rêves d’indépendance de la Corse à l’assassinat du préfet Erignac
A la tribune il insiste : « Nous ne sommes pas des saboteurs de la République. La République française a besoin d’une logique différenciée aussi proche que possible de la logique locale. “Soutenue par des élus écologistes, Mme Gouez a appelé l’Etat à transférer une partie de ses compétences législatives et réglementaires ainsi que des moyens financiers et budgétaires au profit du Conseil régional de Bretagne. Dans sa bouche, la Bretagne s’entend au sens « historique » du terme et englobe la Loire-Atlantique. L’édile appelle à une décision sur la réunification de la région, qui n’a jamais été décidée malgré des décennies de discussions, grâce à une concertation avec les habitants de Loire-Atlantique. Condition nécessaire à tout processus d’autonomie. Les élus de la majorité socialiste du conseil régional donnent leur avis. Le premier vice-président de la collectivité, Michaël Quernez, clame : “Oui à la décentralisation, la décentralisation, la différenciation. Oui à ce supplément d’âme de la Bretagne à cinq ! » Lire aussi Article pour nos abonnés Autonomie corse : quel avenir institutionnel pour l’île ?

“Nous ne voulons pas de violences”

Élu à la tête de la région en juin 2021 avec le slogan “plus de Bretagne, moins de Paris”, Loïg Chesnais-Girard observe que “cette autonomie est notre destin, notre voie”. “Nous, les élus locaux, voulons prendre plus de responsabilités pour être plus efficaces. Sans moyens supplémentaires, notre désir n’est que chimère ou imagination. » Celui qui réclame depuis des années – sans succès – la gestion de la répartition des fonds de la Politique agricole commune (PAC) pour maîtriser la transformation du modèle rural breton, veut croire en la confiance du prochain gouvernement. Loïg Chesnais-Girard voudrait “soulager” l’Etat en matière de logement, d’emploi ou d’économie. A l’approche de l’élection présidentielle, il entend tenir compte de cette demande “positive et pacifique”. Une façon de prendre ses distances avec les violences vues en Corse en mars. Une autre façon d’apprivoiser la réputation de réveil du mouvement indépendantiste du Front de libération britannique en faisant circuler des lettres anonymes jugées peu crédibles par de nombreux observateurs avertis. Il ne vous reste plus qu’à lire 27,78% de cet article. Ce qui suit est réservé aux abonnés.