Dans les coulisses, tout le monde essaie de nommer un responsable de ce désastre électoral. “C’est la défaite de ceux qui tenaient une ligne qui nous a menés trop longtemps au mur. Le bon sens, Fillon, Wauquiez et le reste de la bande…” regrette un membre du bureau politique. « C’est son journal [Christian] Jacob qui nous a mis dedans. En 2016 les enfants étaient candidats depuis 2-3 ans, ils ont eu le temps de construire leur candidature. Il y avait un jupitérisme, un Sarkozy, un Philo. Il n’y a pas d’amertume là-dedans !” commente un autre cadre LR. “On ne peut pas devenir président en cinq mois, ce n’est pas possible !” Membre du Politburo républicain chez franceinfo Peu après 10 heures, une vingtaine de responsables du parti se sont réunis lors d’un conseil stratégique pour discuter de la situation. Dans une ambiance “enfin la paix”, selon un député LR, ils ont évoqué la survie du parti, mais n’ont pas vraiment analysé les raisons de la défaite, au grand regret de certains cadres. “Nous n’avons pas besoin de revenir ce matin sur le résultat d’hier : nous en tirerons toutes les leçons, mais en temps voulu”, a déclaré Laurent Wauquier, qui a délivré un message d’unité au moment où son parti était menacé de chute. “Il faut tout reconstruire, il faut tout repenser… Mais pour cela, il faut survivre à ce terrible échec. Et ça veut dire rester unis.” Laurent Waquiez lors du conseil stratégique de LR Ensuite, il a fallu s’arrêter pour le second tour. Dès l’annonce des résultats, Valérie Pécresse a déclaré qu’elle voterait « consciemment » Emmanuel Macron contre Marine Le Pen. Sans demander de vote pour le président sortant, elle a toutefois demandé à ses électeurs de “peser sérieusement dans les prochains jours les conséquences potentiellement catastrophiques” de l’entrée au pouvoir du candidat d’extrême droite. Une consigne suivie par plusieurs ténors comme Xavier Bertrand mais pas par Eric Ciotti. “Je ne donnerai aucun mandat de vote. (…) Personnellement, je ne voterai pas pour Emmanuel Macron”, a déclaré à TF1 le finaliste vaincu du Congrès LR. Lors du Conseil stratégique républicain, Laurent Wauquiez a de son côté défendu une position simple : “Personne n’appelle à voter pour Marin Le Pen, et toutes les positions doivent être respectées.” Le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes s’engage à “ne pas affaiblir nos candidats” en vue des élections législatives et à “ne pas jouer les assistants” des deux finalistes dans la course à l’Elysée. “Parce que sinon nous n’avons plus de raison d’exister.” Selon les participants à la réunion, le poste de chef du parti de 2017 à 2019 a ensuite été approuvé par la majorité des membres actuels de la présidence. Et le président du parti a soutenu cette stratégie. “Aucun vote ne peut être accordé à Marin Le Pen. Les républicains ne sont interchangeables ni dans le lepénisme ni dans le macronisme.” Christian Jacob à la fin du bureau politique républicain Le leader républicain a précisé qu’il voterait personnellement pour Emmanuel Macron. Environ 130 personnes ont participé au vote du bureau politique et seulement 13 se sont abstenues (essentiellement Eric Ciotti, Gilles Platret, Alain Joyandet et Michèle Alliot-Marie). Guillaume Larrivé, a voté contre. “Je n’approuve pas une proposition qui n’invite pas explicitement Emmanuel Macron à voter le 24 avril”, a-t-il déclaré. “Tout s’est bien passé, sauf Guillaume Larive, qui s’est illustré en disant qu’il fallait faire alliance avec Macron, défendant la stratégie de Sarkozy”, a déclaré le député Julien Ober, qui a déjà annoncé qu’il ne voterait pas pour Emmanuel Macron. Un autre cadre LR, présent au bureau politique et absent, n’a pas la même lecture : « Nous nous sommes transformés en Parti socialiste, nous ne décidons rien, c’est la composition soft… Je voudrais être plus clair. Notre opposition au Rassemblement national Nous étions très heureux en 2002 d’avoir le front républicain. “Il y a deux lignes qui commencent à devenir vraiment incompatibles.” Membre du bureau politique de LR chez franceinfo Gil Averous, président de la commission des maires LR, qui appelle Emmanuel Macron à voter, s’est également abstenu et a annoncé à Christian Jacob qu’il quittait son poste de LR. “Pour moi, l’enjeu est un retrait. Je suis très triste pour ma famille politique”, a ajouté un sympathisant LR de la barrière anti-extrême droite. “Tout le monde est paralysé et personne n’ose dire quoi que ce soit. On dirait du bétail qui s’échauffe sur le chemin de l’abattoir et qui se dit : ‘Tout va bien tant qu’on s’échauffe’. exécutif républicain chez franceinfo Les partisans de son cas ont travaillé pour rendre la transcription réelle de cette déclaration disponible en ligne. Selon Le Point, l’ancien président aurait récemment mangé avec Bruno Le Maire pour envisager de rassembler une partie des députés LR dans la future majorité présidentielle. Nicolas Sarkozy, dont le silence gangrène la campagne de Valérie Pécresse, doit déjeuner mardi avec les élus des Hauts-de-Seine et devra s’exprimer plus tard dans la semaine sur le second tour, selon plusieurs proches de l’ancien président. Derrière les stratégies du moment, tous les cadres LR ont en tête les législatives, les 12 et 19 juin. Le parti de droite espère conserver les 100 sièges qu’il détient à l’Assemblée nationale. “Ce sera difficile, surtout pour les nouveaux candidats”, prédit Julien Aubert. Et je pense qu’après les législatives, en fonction des rescapés, il y aura une réorganisation. “Soit on trouvera une personnalité de synthèse capable d’incarner l’équilibre, soit on risque d’être coupé en deux.”