Mais que s’est-il passé dimanche à la Maternelle de la rue de Reuilly, dans le 12e arrondissement de Paris ? Lors de sa visite sur place, le juge représentant du Conseil constitutionnel déclare avoir constaté “qu’aucun membre de la circonscription n’était présent”. “Une telle irrégularité est susceptible d’entraîner des erreurs et d’encourager la fraude, il faut annuler tous les votes dans ce bureau”, conclut l’institution de la rue Montpensier. Et dommage pour les 1.252 électeurs qui ont voté au bureau de vote n°15 de cet arrondissement parisien : leurs voix ne seront pas comptabilisées dans les résultats officiels du premier tour de l’élection présidentielle, publiés hier par le Conseil constitutionnel. Lire aussi Un peu de législation : à Paris, un faux candidat LREM obtient 4,4 % des suffrages au nom de Jean de Bourbon À VOIR AUSSI – Cabinets de conseil : Gabriel Attal réagit après l’ouverture d’une enquête pour blanchiment d’argent pour fraude fiscale Au total, les Sages ont rejeté les résultats obtenus dans 22 circonscriptions, pour un total de 10 216 voix – à peine 0,02% des 35 millions de voix au total, rien qui ne puisse affecter le résultat final de ce premier tour. Dans sa décision, le Conseil constitutionnel précise toujours le motif : dans la plupart des cas, une irrégularité mineure dans l’organisation logistique du scrutin empêche la prise en compte du résultat. Ainsi, à Cargèse (Corse), les électeurs ont été marginalisés avant de voter, ce qui est contraire au code électoral. A Secondigné-sur-Belle (Deux-Sèvres), la châsse n’était pas fermée à clé. A Lieudieu (Isère), le bureau de vote a fermé plus tôt que prévu.
Un maire fait voter les électeurs chez lui
Parfois, les documents n’ont pas été transmis à la préfecture après le vote : plusieurs communes de l’Oise ont vu leurs résultats de bureau de vote annulés car des listes de présence ont été perdues. Dans d’autres villes, les procès-verbaux n’étaient pas accessibles aux électeurs qui en faisaient la demande. Dans deux circonscriptions, l’une à Nice et l’autre à Toulouse, des “écarts importants et inexpliqués entre le nombre de suffrages exprimés, le nombre de bulletins blancs ou nuls et le nombre de signatures” ont conduit à l’annulation des résultats. Enfin, et plus grave, le Conseil constitutionnel précise que dans le Déninaire (Vosges), “le président de la circonscription électorale a empêché de manière agressive le juge du Conseil constitutionnel d’exercer sa mission de contrôle”. Dans certains bureaux de vote, il n’y avait pas d’évaluateurs, pas même de bureau de vote (le secret du scrutin est pourtant garanti par la Constitution). A Léchelle (Pas-de-Calais), d’ailleurs, le maire a fait voter les électeurs… dans sa maison, sans enseigne, et aucun isolateur n’a été installé à cet effet. “Cette situation s’est poursuivie malgré les propos du substitut du procureur”, a déclaré le Conseil constitutionnel. VOIR AUSSI – Présidentielle 2022 : Les dernières leçons du premier tour