Pour gagner, il faut convaincre, dit-on. Il faut aussi s’adapter, pense Emanuel Macron. Lundi 11 avril, pour espérer remporter le second tour de l’élection présidentielle, le 24 avril, face à son adversaire d’extrême droite, Marin Le Pen, le chef de l’Etat a cédé à la plus agressive et symbolique des possibles prochain quinquennat. Abaisser l’âge de la retraite à 65 ans n’est plus un “dogme”, a assuré le chef de l’Etat de Carvin, petite commune du Pas-de-Calais, lors de sa première expédition. “Je n’ai pas d’autre doctrine que de ne pas laisser la pauvreté prévaloir et de ne pas laisser nos enfants être le prix de notre lâcheté”, a-t-il dit, ajoutant qu’il était “ouvert au débat”. Lire aussi : Cet article est pour nos abonnés Réforme des retraites : nécessité économique ou politique ?
Dans le détail, Emmanuel Macron est prêt à changer le “rythme” et les “limites” prévus par la réforme et n’”exclut” pas un référendum. L’âge de la retraite pourrait être progressivement relevé en fixant une “clause de révision” à 64 ans. Initialement, le chef de l’Etat entendait le pousser chaque année pendant trois à quatre mois pour atteindre cette limite d’âge de 65 ans. “Je suis prêt à faire une réforme qui ne se poursuivra qu’en 2030, si nous sentons trop d’inquiétude dans la population”, a-t-il admis. “C’est peut-être intelligent parce que j’entends des gens comme vous, [notamment] “La dame qui m’a appelé plus tôt”, a-t-il ajouté, faisant référence à une femme qui l’a accueilli dans la petite ville avec une pancarte “Non à la retraite à 65 ans”. “Il faut partir de la réalité pour aller vers l’idéal”, a conclu le philosophe, citant Jean Jaurès lors d’un entretien accordé à la chaîne d’information BFMTV depuis le café Bellevue sur la place du nom du fondateur du Parti socialiste. Lors de la visite d’Emmanuel Macron à Carvin (Pas-de-Calais), lundi 11 avril 2022. JEAN-CLOND KOUTAS POUR “LE MONDE”

Composer avec l’électorat de Jean-Luc Mélenchon

Quelques heures d’errance dans les terres parsemées de colonies, en proie à la désindustrialisation et au chômage de masse, suffiraient au chef de l’Etat pour renoncer à la “réalité” et constater que la question des retraites était un “point de tension” capable de risquer sa victoire le 24 avril. Arrivé en tête du scrutin dimanche, avec 27,84 % des suffrages contre 23,15 % pour Marin Lepen, l’Elysée sait qu’il doit affronter ce qui est devenu la troisième force politique du pays : la gauche radicale Jean- Luc Mélenchon. Bordant le second tour avec 21,95% des suffrages, le chef de file de La France insoumise a appelé ses électeurs à voter “non à Marin Le Pen”. Il ne vous reste plus qu’à lire 64,97% de cet article. Ce qui suit est réservé aux abonnés.