Le CDI de Sacha Houlié, député La République en marche de Vienne, se situe dans le quartier populaire des Trois-Cités de Poitiers, entre le kebab et la maison de la presse, qui est aussi le PMU. Vendredi soir, samedi, ils l’ont insultée, la traitant de “stupide d’apparence et d’esprit”. Le député de 33 ans a connu neuf agressions en cinq ans, sans compter les menaces régulières. Il y a tellement de choses qu’il en parle calmement et qu’il ne peut pas se souvenir de tout. Comme ce mail envoyé le 14 février : « Ta tête, je vais la cracher et la secouer », ou ce tag sur le mur de sa boîte aux lettres : « mort au cochon ». “Je sais que j’ai l’air d’être le meilleur de la classe avec mon costume et mes lunettes. Je ne suis pas dupe, je le vois dans le miroir quand je me regarde. Je suis né dans une famille où il était difficile de s’en sortir. Mon père était ouvrier, ma mère enseignante. Quand je suis arrivé à la fac de droit, j’ai baissé ma veste de moto parce que je conduisais une 125cc, et tous les fils de juges m’ont dit que je n’avais rien à attendre ici, donc je sais d’où je viens. » Dans sa circonscription, le vote pour Emanuel Macron est en avance et en hausse par rapport à 2017. « On aimerait croire que c’est grâce à nous, car on a fait beaucoup de chemin. Quand mon bureau a été incendié en août dernier, je n’ai pas eu peur. J’étais en colère, je trouvais ça injuste. Je travaille quatre-vingt-dix heures par semaine et mon équipe n’avait plus de place pour travailler. Ici, nous avons reçu des milliers de personnes en cinq ans. Ils me demandent de l’aide pour tout, pour les logements sociaux, les permis de séjour, pour résoudre les problèmes administratifs… » “Finalement, c’est un paradoxe, on va agir comme anti-stress. Quand tu ne sauras plus à qui parler (…), tu frapperas le visage de ton élu. C’est à la fois triste et inquiétant, car c’est de la violence. Mais, si nous allons un peu plus loin, cela signifie que les gens croient encore aux élus. » Guillaume Herbo