Le Sénat, dominé par l’opposition de droite, a révélé le 17 mars, dans le cadre d’une commission d’enquête lancée par le groupe à majorité communiste CRCE (Communiste Républicain Citoyen et Écologiste), que les contrats passés par l’État en concertation avec des entreprises comme McKinsey avaient “plus que doublé” entre 2018 et 2021, atteignant un montant record de plus d’un milliard d’euros en 2021. Les sénateurs ont également déposé de “faux témoignages” contre un dirigeant de McKinsey qui affirmait que sa société avait payé l’impôt sur les sociétés (IS) en France, tandis que la commission d’enquête a relevé que les entités françaises de McKinsey n’avaient payé aucun IS depuis dix ans.
“S’il y a des preuves de manipulation, qu’il aille au tribunal correctionnel”
“S’il y a des preuves de manipulation, laissez faire le criminel”, a lancé dimanche 27 mars Emanuel Macron à ceux qui l’accusent de ces nombreux contrats. Le candidat à la présidentielle avait notamment considéré que le non-paiement de l’IS par McKinsey s’expliquait par les règles fiscales applicables. McKinsey avait affirmé qu’elle se conformait aux règles fiscales françaises, expliquant qu’une de ses filiales avait payé l’impôt sur les sociétés pendant six ans au cours desquels le Sénat l’avait accusée d’optimisation fiscale. Emanuel Macron est attaqué depuis le début de la campagne pour l’utilisation massive de ces entreprises. Lors d’un meeting à Toulouse, Jean-Luc Mélenchon a accusé Emmanuel Macron d’être un “libéral” qui “a fait entrer le privé dans l’Etat” avec des cabinets de conseil. « Qui peut croire qu’une entreprise privée donnera des conseils dans l’intérêt général ? », a récusé le tribunal insoumis, proposant de ne pas confier au secteur privé ce que l’État et ses agents sont capables de faire eux-mêmes. Le sénateur LR Bruno Retailleau a dénoncé “un scandale” impliquant un “mélange d’éléments entre privé puis public”, la “possibilité de rendre l’ascenseur” aux cadres de McKinsey qui soutiendraient Emanuel Macron. en 2017, et non-paiement de l’impôt sur les sociétés. Dans l’émission “Le Grand rendez-vous” Europe 1/CNews/Les Échos, la sénatrice a jugé “encore plus grave” la “gestion catastrophique de l’Etat” et a regretté la “dépendance” créée par le recours à des “entreprises étrangères”. . Dans une tribune publiée mardi, les juges s’étonnent de l’absence d’enquête. “Ces événements concernent tout un système qui peut remettre en cause les plus hautes autorités de l’Etat : les ministres qui sont en charge des administrations centrales, les ordonnateurs des fonds publics qui ont effectué des dépenses au nom de l’Etat et les procédures de marchés publics, c’est aux tribunaux d’en vérifier la régularité”, assurent-ils dans ce texte publié par Marianne.