Éric Zemmour n’est peut-être pas au second tour de l’élection présidentielle, mais il a tout de même réussi l’un de ses défis : il a battu Valérie Pécresse. Avec 7,3% des suffrages, le candidat d’extrême droite a finalement recueilli au moins deux voix de plus que le représentant républicain, selon l’estimation d’Elabe pour BFMTV et L’Express réalisé avec SFR.

Retrouvez les résultats complets du premier tour de l’élection présidentielle sur notre plateforme, visionnez les réactions et analyses en direct “Nous planifions déjà l’avenir”, a déclaré le perdant devant ses supporters dimanche soir. “Je ne m’arrêterai pas là. La reconquête n’abandonnera rien tant que la France ne sera pas reconquise (…) Je vous dirai très vite quelle forme prendra notre action.” Voici les façons d’envisager l’avenir.

• Devenir député, mais où ?

Si Eric Zemmour n’a pas évoqué la question des élections législatives à ses partisans, cette élection de juin prochain est bien dans son esprit. A cinq jours du premier tour, le candidat à la présidentielle a déjà annoncé la couleur sur France 2, confirmant que “oui”, il serait un “bon candidat” pour les législatives de juin. Parmi les tracés envisagés figure le 17e arrondissement de Paris. Problème : cette circonscription, qui est actuellement celle de la députée LR Brigitte Kuster, est plutôt un pays de centre droit et semble inaccessible. Deux autres options, plus favorables, sont donc sur la table, dans des pays qui votent beaucoup plus à droite voire à l’extrême droite : le Vaucluse, qui a élu Marion Maréchal à l’Assemblée en 2012, ou le Var, où Eric Zemmour a une maison. “Evidemment nous allons regarder très attentivement tous les scores dans le Sud-Est dans les prochains jours et il ira là où la situation lui sera la plus favorable”, confesse l’un de ses lieutenants à BFMTV.com.

• Écris un livre

L’essayiste a lancé sa campagne en septembre dernier avec sa publication La France n’a pas dit son dernier mot, vendu à plus de 290 000 exemplaires selon News. Suite à ce succès en librairie, l’ancien auteur devra se remettre à écrire dans les mois à venir. “Je pense que je vais écrire un livre. J’ai beaucoup appris, j’ai compris sur les médias, la démocratie, la vie politique. Pas toujours pour le mieux… J’aurai beaucoup à dire”, a-t-il avoué. Le Parisien Début avril. L’ancien journaliste a toutefois déjà exclu de revenir à la télévision en tant que commentateur politique, comme il l’a fait par le passé sur CNews ou Paris Première.

• Avoir un candidat Reconquête dans la plupart des circonscriptions

Afin de s’imposer durablement et de pouvoir espérer “devenir le leader de l’opposition”, comme il l’a expliqué sur France 2, Reconquête cherche à acquérir un groupe à l’Assemblée nationale. L’objectif est très ambitieux : il nécessite l’élection d’au moins 15 députés. “Nous allons essayer de couvrir la quasi-totalité des circonscriptions de France”, a déclaré Gilbert Payet, l’un de ses lieutenants de campagne. Le comité de nomination qui sélectionnera les futurs candidats s’est déjà réuni plusieurs fois, même si aucune circonscription n’a été formellement attribuée. Plusieurs figures de campagne sont déjà au départ, comme Stanislas Rigault, le président de la Génération Z, ou Antoine Diers, le directeur adjoint de la stratégie stratégique. La candidate devrait être Marion Maréchal, qui a nominé sa participation aux élections législatives avec la cote d’Éric Zemmour. « Ça m’étonnerait qu’il retente le Vaucluse. Il y a laissé de très mauvais souvenirs et n’y serait pas le bienvenu », confiait début mars à BFMTV.com un député RN. Le Morbihan, pays natal de son grand-père Jean-Marie Le Pen, où elle a passé de nombreuses vacances est à l’étude.

Multiplier les accords locaux avec les LR

Trouver des centaines de candidats peut sembler un défi pour le parti qui a été formé il y a à peine 8 mois. L’environnement de l’auteur repose donc largement sur des accords locaux avec des cadres républicains. “J’espère qu’Éric Ciotti et d’autres tireront les conséquences (de la défaite de Valérie Pécresse) et qu’à partir de là on pourra construire avec lui, avec eux, quelque chose en commun, et cela dès les législatives dans une grande coalition.” , a souhaité Marion Maréchal dans ses colonnes Bonjour Jeudi. “Nous serons très flexibles dans les profils ou l’ancrage local”, confesse un membre de l’équipe de campagne. Comprendre : Afin d’”unir les droites” qu’Eric Zemour réclame depuis des mois et espérant renverser le parti de Valérie Pécresse, son équipe ne sera pas forcément sélective sur les candidats dans lesquels elle investit. Officiellement, on se veut très optimiste quant à l’environnement de l’ancien auteur pour sa capacité à rassembler les gens. “Celui qui ne veut pas aller voir Emmanuel Macron sera sur notre ligne. Il y en a trop”, a déclaré sur BFMTV.com le sénateur Sébastien Meurant, ancien LR. “Ça va être compliqué parce qu’on a rassemblé moins de rassemblements qu’on ne le pensait et finalement surtout côté RN. Je pense que ceux qui voulaient aller droit avec nous sont déjà partis”, confie un autre membre de son équipe. Principal titre de LR jusqu’à présent : Guillaume Peltier, candidat républicain du Loir-et-Cher, qui a rejoint le candidat en janvier dernier.

• Construisez votre fête

Éric Zemmour l’a promis à ses supporters dimanche après-midi, après sa défaite. “Les drapeaux qui flottent au Trocadéro ne seront plus jamais baissés”, a expliqué l’ancien journaliste à ses militants. Pour le parti qui s’est créé depuis le début il y a 8 mois, tout reste à faire, à commencer par le développement des fédérations sur tout le territoire. “Nous signerons la Reconquête dans la durée avec des élus, des techniciens, tout en veillant à un équilibre entre notre organisation locale et nationale”, assure Gilbert Payet. Chef du parti, il faut bien sûr retrouver Éric Zemmour. “Tout simplement parce que nous ne lançons pas de conférence dans quelques semaines”, a ajouté l’ancien préfet. Ce que Jean-Yves Camus, spécialiste de l’extrême droite, laisse planer le doute. “Je le vois s’occuper très mal d’une fête au quotidien, calmer les égoïsmes, gérer le loyer des commerces de proximité… Je pense que cela pourrait l’ennuyer très vite”, analyse l’historienne. Réponse dans quelques mois.