Didier Lallement a atteint la limite d’âge de 65 ans dans le corps préfectoral en août dernier mais son mandat avait été prolongé de deux ans par une disposition dérogatoire. La nomination de Laurent Nuñez, jusqu’alors coordonnateur national du renseignement et de la lutte contre le terrorisme, a été entérinée mercredi en conseil des ministres. Le Président de la République, sur ma proposition, a nommé Laurent Nunez Préfet de Police. C’est le choix d’un homme d’expérience qui connaît parfaitement la @prefpolice et qui a exercé de nombreuses responsabilités nationales. La sécurité des Franciliens sera notre priorité. — Gérald DARMANIN (@GDarmanin) July 20, 2022 En prenant la tête de la préfecture de police de Paris, mercredi 20 juillet, Laurent Nuñez va devoir faire preuve de fermeté mais aussi de pédagogie. Son prédecesseur laisse un bilan mitigé. Si Didier Lallement a efficacement joué les pompiers lors du mouvement des “gilets jaunes”, il aussi soufflé sur les braises du fragile rapport entre la police et la population dans la capitale et sa proche banlieue.
Cinq fois où le préfet de police Didier Lallement s’est retrouvé sous le feu des critiques Son manque d’empathie et sa solidarité plusieurs fois affichée aux policiers mis en cause dans des affaires de violences disproportionnée ont donné l’image d’un préfet plus au service de ses hommes que des citoyens. L’un des objectifs de Laurent Nuñez sera donc de restaurer ce “lien de confiance”. Le nouveau préfet devra également faire preuve de fermeté et d’anticipation lors d’une rentrée sociale et économique qui s’annonce des plus chaudes. Attisée par l’opposition et les difficultés économiques des Français, la perspective de mouvements sociaux et de manifestations à Paris risquent fort d’aspirer une bonne part de l’activité de Laurent Nuñez dont l’un des grands défis sera aussi d’assurer à 100% la sécurité des Jeux olympiques 2024 en matière de maintien de l’ordre. Plus souple, plus communiquant, en apparence plus consensuel, Laurent Nuñez, 58 ans, a depuis sa sortie de l’ENA fait l’essentiel de sa carrière dans le corps préfectoral et au ministère de l’Intérieur comme directeur de cabinet. En tant que sous-préfet puis comme préfet, son tempérament et son flegme lors des gestions de crise le hisse parmi les hauts fonctionnaires en vue avant la vague d’attentats islamistes qui déferle sur le pays au début des années 2010. La macronie le repère et en fait le patron de la DGSI en 2017. Une institution qu’il va réorganiser avant de rejoindre le gouvernement. Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Intérieur de l’époque Christophe Castaner puis coordonnateur du renseignement en quelques années, celui qui n’était pas catalogué comme un politique, est devenu un vrai soutien d’Emmanuel Macron, assumant souvent les contradictions sécuritaires de l’exécutif. Très récemment, il expliquait aux Français pourquoi le gouvernement a décidé de faire volte face en rapatriant les femmes et les enfants de jihadistes retenus dans des camps en Syrie.