“Je n’ai qu’à penser à eux pour me transformer en eux. Un détail, un défaut, une façon de parler et je les ai attrapés”, a avoué celui qui fut l’invité inattendu des émissions de Maritie TV dans les années 1970 et 1980. et Gilbert Carpentier, Danièle Gilbert et Patrick Sébastien.
Sur scène, la ressemblance avec ses “victimes” était étonnante. Il a glissé sur la peau de sa muse, sans singe, et lui-même est devenu une diva. Il n’a jamais voulu dire – “je ne pouvais qu’imiter les gens que j’aimais” – il les a suppliés de dire “mon Maillan” ou “ma Feuillère”. Les femmes ne sont pas ses seules cibles : il imite aussi Aznavour, De Funès, Montand ou encore Dutronc.
Né le 2 juin 1930 d’un père parisien et d’une mère provençale, Claude Thibaudat n’a jamais quitté le 9e arrondissement de la capitale où il a grandi. Pendant l’Occupation, il porte 400 coups avec son ami d’enfance, un certain François Trypho.
“Sa mère ne lui prêtait pas beaucoup d’attention, la mienne l’aimait bien. C’était un demi-frère et je suis allé voir s’il avait dîné, s’il avait dormi ou s’il n’était pas réfugié. dans un cinéma de quartier comme d’habitude”, confiait-il en 2012 à l’hebdomadaire Le Point. Truffaut lui offrira également un rôle d’étrangleur gênant dans Domicile conjugal (1970).
Il a rapidement abandonné les affaires pour étudier le théâtre et a travaillé la nuit au cabaret Liberty. “Je voulais être acteur. J’ai commencé par des imitations pour survivre et payer mes cours au Conservatoire. J’ai récité des légendes de La Fontaine comme Le Chêne et Le Roseau, en alternant une dizaine de voix.” Tabac assuré.>
Une nuit, Maria Callas est dans la chambre et l’entend l’imiter. Elle tombe immédiatement amoureuse de lui et veut l’avoir avec elle dans les émissions. Tout comme l’actrice Edwige Feuillère. Claude Véga s’est également produit à Bobino et a fait la première partie de plusieurs grands artistes comme Edith Piaf, Joséphine Baker et Charles Trénet.
Cet homme modeste et discret connaît un énorme succès. C’est seulement en lui que nous jurons. “Il est petit par la taille (1m65) mais c’est un géant par l’humour”, écrivait le quotidien L’Aurore en 1973. L’année suivante, l’émission “Top à Claude Véga” suivait 70% des téléspectateurs. A 60 ans, en 1990, il abandonne l’imitation pour se consacrer exclusivement à ses autres passions, le théâtre et le design.
On le retrouve notamment à la Comédie de Paris dans Drôle de goût, d’après des textes de Boris Vian. Il a également eu du succès avec Piaf, je t’aime au Cirque d’hiver (1996), qyu l’a nominé pour deux nominations aux Molières, et plus tard dans Sylvia, réalisé par Lars Schmidt. Doué également d’un fin coup de crayon, il publie régulièrement des almanachs illustrés de dessins naïfs et frais à la Jacques Faizant.