Chronique. Si le communiste Fabien Roussel ne s’était pas présenté à l’élection présidentielle, Jean-Luc Mélenchon aurait réalisé le rêve de sa vie : se qualifier pour le second tour dimanche 10 avril, et détrôner ainsi Marin Lepen au terme d’une longue carrière politique qui allait l’a conduite de l’extrême gauche à l’Union populaire, en passant par le Parti socialiste (PS), puis au Parti de la gauche. Le cactus de Roussel n’est pas accidentel. C’est le fruit des relations conflictuelles que le chef des “révolutionnaires” entretient avec le reste de la gauche, y compris celle dont il est censé être le plus proche : les communistes, qui avaient d’abord misé sur lui pour tenter d’arrêter leur déclin implacable, se sentaient emportés dans une aventure personnelle qui menaçait leurs alliances électorales. Ils ont divorcés. Les comptes finissent toujours par être réglés. Au soir du premier tour, le seul gain évident pour Jean-Luc Mélenchon est qu’il a gravi une échelle. De la quatrième place en 2012 et 2017, il est passé à la troisième place en 2022, grâce à l’augmentation continue de ses voix : il avait enregistré 11,1 % des voix il y a dix ans, il était monté à 19,6 % il y a cinq ans et cette fois en grimpant à près de 22 %. Au vu de cet élan, il lui suffirait presque de patienter pour 2027, si l’âge aide – 70 ans – le candidat ne se voit plus plus comme un passeur que comme un conquérant. Lire aussi : Article réservé à nos abonnés La nouvelle défaite de Jean-Luc Mélenchon au seuil du second tour a pris la forme d’une victoire
La position de la troisième personne n’est pas des plus confortables dans le système électoral français qui, de la présidentielle aux législatives, vise à favoriser la bipolarité de la vie politique. François Fillon, qui l’avait capté en 2017, a disparu des radars. François Bairou, qui y était monté en 2007, n’a pu achever son plan qu’en se concentrant sur Emanuel Macron dix ans plus tard. Cette fois, cependant, Jean-Luc Mélenchon peut espérer compter bien plus que tous ses prédécesseurs.

Narration perturbée

Le premier résultat de 22% est vraiment de dynamiser la représentation symbolique de la reconstruction politique que veulent les deux finalistes. Depuis 2017, Emanuel Macron et Marin Le Pen s’accordent à dire que le clivage gauche-droite est désormais remplacé par le clivage entre progressistes et nationalistes, organisé autour d’une vision compétitive de la construction européenne. La dynamique de Melanson perturbe le récit : elle comporte certes une composante eurosceptique importante, mais elle est alimentée principalement par le déni de la lutte annoncée Macron-Le Pen, la préoccupation écologique très chère aux jeunes et un antilibéralisme toujours fort. dans la gauche française. Il ne vous reste plus qu’à lire 54,65% de cet article. Ce qui suit est réservé aux abonnés.