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Disons-le d’entrée de jeu : Luc Picard a réussi un tour de force en portant à bout de bras ce suspense dont il signe la réalisation en plus d’en défendre le rôle principal. Derrière la caméra, Picard montre une belle maîtrise, signant son meilleur film à ce jour en tant que réalisateur. Devant la caméra, l’acteur offre une performance magistrale sous les traits de Gérald Gallant, un des pires tueurs à gages de l’histoire du Québec, qui a joué un rôle important dans la sanglante guerre des motards des années 1990 et 2000.
Photo courtoisie, Films Opale
Luc Picard incarne le tueur à gages Gérald Gallant dans le drame policier Confessions, à l’affiche dès mercredi dans les cinémas.
Scénarisé par Sylvain Guy (Détour, Mafia inc.), Confessions puise son inspiration dans le livre Gallant : confessions d’un tueur à gages, qu’ont écrit les journalistes Eric Thibault et Félix Séguin, du Bureau d’enquête du Journal, en 2015. Habilement construit, le récit s’articule autour de l’interrogatoire de police au cours duquel Gallant a admis avoir commis 28 meurtres entre 1972 et 2003, alors qu’il travaillait pour le compte des Rock Machine, le clan ennemi des Hells Angels.
On découvre un tueur qui n’a pas du tout le profil de l’emploi : un homme bègue, taciturne, qui mène une vie en apparence tranquille dans une petite maison de Donnacona et qui fait du vélo pendant ses temps libres. Un homme qui a aussi été rejeté toute sa vie, y compris par sa mère, qui le dénigrait sans arrêt.
Sans complaisance
Luc Picard a su injecter à ce personnage plein de paradoxes une bonne dose d’humanité, tout en évitant le piège de le rendre trop sympathique ou attachant. Tournées sans complaisance et avec un réalisme percutant, les scènes de meurtres, parfois très violentes, illustrent d’ailleurs très bien la monstruosité de ce tueur de sang-froid.
Pour pallier le fait que le « héros » de son film n’a rien de flamboyant, Luc Picard a eu la bonne idée de l’entourer de personnages plus colorés. On retiendra particulièrement le jeu intense de David La Haye dans la peau de l’excentrique et imprévisible Dolly, un complice de Gallant qui doit continuellement subir les remontrances de ses partenaires de crime parce qu’il est homosexuel. Éveline Gélinas et Sandrine Bisson offrent également des performances émouvantes dans les rôles respectifs de la femme et la maîtresse de Gallant.
Très efficace, Confessions se distingue des films de gangsters traditionnels en montrant une petite criminalité sans envergure, loin des riches familles de la mafia italienne souvent dépeintes au cinéma. Le sujet est sombre, mais Picard a saupoudré le film d’un humour noir subtil. Si elle accentue la tension dans certaines scènes dramatiques, la musique composée par Daniel Bélanger parvient aussi à alléger le ton à plusieurs moments. La magnifique chanson thème du film risque d’ailleurs de vous rester en tête pendant plusieurs heures après la projection.
Confessions ★★★★☆
Un film de Luc Picard Avec Luc Picard, Sandrine Bisson, Éveline Gélinas et David La Haye. À l’affiche mercredi.