Posté à 17h56
                Henri Ouellette-Vézina La Presse             

Il faut remonter à novembre 2016 pour bien comprendre ce problème. A l’époque, la société de transport cherchait à se doter d’un logiciel de « gestion des talents », dans un contexte où ses systèmes existants étaient obsolètes et ne permettaient pas l’intégration de nouvelles technologies. La situation nécessite alors une modernisation des systèmes, d’autant plus que des départs à la retraite “de masse” sont attendus en 2019. En conséquence, un véritable appel d’offres a été lancé, qui a été remporté par Bell Canada et CEGID Inc. – créateur de logiciels de gestion – début 2017, car ils étaient les seuls éditeurs considérés comme “conformes”. Plusieurs problèmes de conception et de mise en œuvre – allant de difficultés avec les modules de formation logicielle à des tâches incomplètes ou des problèmes avec le fonctionnement global du programme – ont cependant retardé le projet à partir de ce moment, selon le procès. A l’automne 2017, le logiciel ne répond pourtant toujours pas aux demandes, selon la STM, qui dit alors s’attendre à un décalage de “huit à dix mois par rapport au calendrier initialement convenu”, soit vers la fin 2018 ou le début 2019. . Et à mesure que les problèmes s’accumulent, les coûts augmentent également. En octobre 2018, la société de transport estime avoir déjà dépensé plus de 4,4 millions seulement “pour la mise en place du projet” et ce “sans résultats utiles”. En décembre de la même année, le coût estimé du projet est passé de 6,9 ​​millions à 11 millions. Pour le moment, même une livraison “partielle” du projet est prévue pour encore plus tard, fin 2019. Enfin, face à “l’incapacité” des deux entreprises à “apporter une solution”, la STM a annoncé son intention de résilier le contrat en janvier 2019. Bell a alors nié “toute responsabilité” dans la faillite du projet, lit-on dans la poursuite .

“Fausses déclarations”

Dans sa demande introductive d’insistance, déposée il y a quelques jours devant la Cour suprême, l’agence montréalaise affirme que “la faillite du projet est due à des déclarations fausses, inexactes et trompeuses” de Bell Canada et de CEGID Inc. fonctionnalités existantes dans la version standard du progiciel proposé et leur incapacité à livrer les développements nécessaires pour pallier les lacunes de leur solution dans un délai raisonnable ». « Pire encore, même lorsque la portée du projet a été réduite pour lui permettre [entreprises] de procéder à un développement partiel, quoique tardif, de la solution proposée, ne répondait manifestement pas aux exigences minimales pour être opérationnel et répondre aux besoins métiers de la STM », accusent les avocats de la société, de Larochelle Avocats. La STM, qui estime avoir « payé le prix de l’échec de cet effort d’installation en voyant le coût prévu d’allouer des ressources internes et externes au projet monter en flèche sans pouvoir en retirer aucun bénéfice », demande donc 500 000 $ en Bell Canada et CEGID inc. pour compenser la préparation nécessaire à l’appel d’offres initial. Elle demande également un paiement substantiel de 3,8 millions de dollars pour compenser ce que le projet lui a coûté, même s’il n’a jamais été mis en œuvre, du moins pas dans le cadre de cet accord. Et enfin, l’opérateur veut 200 000 dollars pour couvrir le “coût alternatif” qu’il devra trouver pour l’avenir. Le total est de 4,5 millions. Par courriel, le porte-parole de l’entreprise Philippe Déry confirme que “le but principal de l’action est de récupérer les fonds investis par la STM pour un projet informatique qui ne s’est pas concrétisé comme prévu”. “Nous ne commenterons pas davantage car l’affaire est judiciaire”, poursuit-il. Lundi, Bell Canada a refusé de commenter La Presse, pour les mêmes raisons. “Nous ne commentons pas cette affaire devant la justice”, a déclaré Vanessa Damha.