L’Union européenne (UE), dont une partie est fortement dépendante de la Russie pour l’énergie, a finalement décidé jeudi après-midi de suspendre ses achats de charbon à la Fédération de Russie à partir du mois d’août (45 % de ses importations de charbon). Vingt-sept avaient déjà prévu de réduire des deux tiers les importations de gaz russe d’ici la fin de l’année et interdisent aux Européens de procéder à de nouveaux investissements dans ce secteur clé pour la Russie. Autre décision symbolique : la suspension du gazoduc Nord Stream 2, qui devait augmenter l’approvisionnement en gaz russe de l’Allemagne. Le Royaume-Uni s’est engagé mercredi à suspendre les importations de charbon russe, mais d’ici la fin de l’année, comme il s’était déjà engagé à le faire pour le brut russe et les produits pétroliers russes. Les États-Unis ont imposé un embargo sur les importations russes de pétrole et de gaz début mars. L’UE a annoncé jeudi soir qu’elle fermerait ses ports aux navires russes. Les transporteurs routiers russes et biélorusses ont également été interdits d’opérer dans l’UE. L’espace aérien des membres de l’OTAN et de l’UE était déjà fermé aux avions russes et de nombreuses compagnies aériennes ont suspendu leurs vols vers la Russie. L’industrie aéronautique est plus concernée : interdiction des exportations d’avions, de pièces détachées ou d’équipements, arrêt de la maintenance des avions immatriculés en Russie par Airbus et Boeing, interdiction d’accès aux services d’assurance et de réassurance à Londres. Le cinquième paquet de sanctions européennes approuvé jeudi prévoit une interdiction des exportations vers la Russie, notamment des produits de haute technologie, pouvant aller jusqu’à 10 milliards d’euros. La liste des produits russes interdits d’importation dans l’UE a également été étendue à certaines “matières premières et matières critiques” pour une valeur estimée à 5,5 milliards d’euros par an. Peu avant l’annonce jeudi des nouvelles sanctions européennes, le Congrès américain avait abrogé le régime commercial de la Russie et de la Biélorussie, les privant de la clause de leur “nation la plus favorisée”, de quoi imposer des tarifs punitifs sur les importations des deux pays. Les importations ont simplement été interdites par les États-Unis pour les fruits de mer, la vodka et les diamants russes. Mercredi, les États-Unis ont interdit tout nouvel investissement en Russie et le Royaume-Uni a interdit tout nouvel investissement britannique dans le pays. Dès lundi, le département du Trésor américain avait interdit à la Russie de rembourser sa dette avec des dollars détenus dans des banques américaines, obligeant Moscou à régler une dette de 649,2 millions de roubles et augmentant le risque de défaut. Washington a également ordonné cette semaine aux institutions bancaires russes Sberbank et Alfa Bank de geler tous leurs avoirs “en contact avec le système financier américain”. Le Royaume-Uni a jusqu’à présent gelé 350 milliards de dollars de devises étrangères au régime russe, a estimé mardi la ministre britannique des Affaires étrangères Liz Tras. Les États-Unis et l’Union européenne, suivis par d’autres pays, ont interdit toutes les transactions avec la Banque centrale russe et gelé ses avoirs en devises étrangères. Autre coup dur : l’exclusion des grandes banques du pays du système interbancaire Swift, un rouage clé de la finance mondiale qui permet une communication transactionnelle rapide et sécurisée. Des centaines de dignitaires russes ont été sanctionnés, dont deux filles du président Vladimir Poutine, visées par Washington et Bruxelles. L’UE a élargi jeudi sa liste noire à 18 entités et plus de 200 personnalités supplémentaires, qui sont désormais sanctionnées par une interdiction d’entrer dans l’UE et le gel de leurs avoirs. Vladimir Poutine lui-même a déjà été visé par des sanctions, comme son homologue biélorusse Alexandre Loukachenko ou Igor Sechin, le patron de la compagnie pétrolière Rosneft. Selon un communiqué du gouvernement britannique mercredi, Londres a imposé des sanctions à un total de 82 oligarques pesant 170 170 milliards (200 milliards d’euros) et à 18 banques représentant des actifs d’une valeur de 40 940 milliards (1,20 milliard d’euros). .