Analyses, réactions et résultats… Suivez la soirée électorale sur notre direct Atteignant sa pire note de l’histoire de la Ve République (voir graphique ci-dessous), la droite républicaine est en position de faiblesse, coincée entre la ligne libérale d’Emanuel Macron et l’orientation autoritaire de l’extrême droite. “Si Pecres n’est pas au second tour, la LR va s’évaporer”, prédisait il y a quelques semaines un proche du président de la République. Tout a si bien commencé. Quand la présidente de la région Ile-de-France recueille plus de 60 % des suffrages lors d’un scrutin lors d’un congrès du parti le 4 décembre, ses proches regardent avec plaisir les urnes. “Il a obtenu 11%, donc ça montre que tout est possible et qu’elle est la seule à pouvoir battre Macron”, avait alors déclaré un porte-parole du candidat. “On savait qu’il y aurait un impact mécanique, mais on ne pensait pas être à 20% [d’intentions de vote au premier tour]. Cela peut nous permettre d’apparaître comme le « vote utile ». Mais le camp Pécresse se rend vite compte que la campagne s’annonce difficile. Il y a d’abord la petite musique jouée par Eric Ciotti. Le député des Alpes-Maritimes, finaliste des qualifications nationales, veut peser sur le programme présidentiel du candidat. “Je le soutiens, mais je veux que mes idées soient vigoureusement représentées”, a-t-il prévenu à l’issue d’une réunion publique à Nice. Présidentielle 2022 : retrouvez tous les résultats du 1er tour en temps réel Valérie Pécresse multiplie les déclarations fortes. Il a par exemple annoncé début janvier vouloir “faire sortir Kärcher de la cave” pour “nettoyer les quartiers”, citant une célèbre déclaration de Nicolas Sarkozy. Valérie Pécresse et Eric Ciotti, le 4 décembre 2021 à Paris, après l’annonce des résultats de la conférence LR. (ANNE-CRISTINE POUJOULAT / AFP) Mais les divisions persistent. Alors que la candidate se prononce en décembre en faveur du carnet de vaccination, certains députés LR ne lui facilitent pas la vie en affichant leurs divisions lors de l’examen du projet de loi qui transforme le carnet de santé en carnet de vaccination. Tout au long de la campagne, certains courants du parti seront tour à tour accusés de saboter le projet. Après la rencontre ratée de Valérie Pécresse au Zénith de Paris, la zizanie est encore plus vive. “Xavier Bertrand est nul depuis qu’il a perdu, tout le monde le sait. Il a beaucoup de belles façades comme celle-ci en public, mais derrière son dos, il les assomme carrément tous”, avoue un membre de la garde rapprochée du candidat à franceinfo. “Les Sarkozy veulent perdre Pécresse. Pendant la réunion, j’ai vu des croyants s’envoyer des textos pour dire que c’était zéro”, a ajouté un ténor LR. Le Zénith, mi-février, marque en effet le début des ennuis et la chute pour Valérie Pécresse. Dans la forme, le candidat a l’air rigide et mal à l’aise. “Je voulais faire un discours comme un homme (…), un discours avec des mots très forts, des mots d’homme”, expliquera-t-il plus tard à franceinfo. Mais sur le fond, il s’embrouille en utilisant le terme de “gros remplaçant”, porté avec force depuis plusieurs semaines par Eric Zemmour. “Je pense qu’il est toujours faux d’utiliser les propos de ses adversaires, même si c’est pour condamner ces propos”, accuse Jean-Christophe Lagarde, le patron de l’UDI. “Le problème, c’est qu’il essaie de garder les deux tendances de l’électorat de droite, qui sont peut-être incompatibles”, a déclaré Brice Teinturier, directeur général adjoint d’Ipsos. “C’est un objectif extrêmement complexe, qui conduit à un grand écart permanent. D’où des situations qui créent de l’ambiguïté.” Valérie Pécresse, le 13 février 2022, lors de sa rencontre au Zénith de Paris. (CARINE SCHMITT / HANS LUCAS / AFP) La courbe des intentions de vote de l’ancien ministre a commencé à s’enfoncer début février, mais la baisse a été accélérée par le meeting de Paris. D’autant que la candidate aura un certain nombre de problèmes, à commencer par les distances de certaines de ses troupes. Eric Zemmour n’a réussi à amasser qu’une poignée de LR, comme l’ancien n°2 du parti Guillaume Peltier, mais le camp d’Emmanuel Macron va rapidement réclamer de nombreuses récompenses de guerre : ancien ministre Eric Woerth, maire de Calais Natacha Bouchart ministre des Affaires étrangères. Nora Berra, la présidente de la préfecture des Bouches-du-Rhône, Martine Vassal, le président de la région Paca, Renaud Muselier, ou encore l’ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin. Le bilan de cette série d’avortements est conforté par le silence pesant de Nicolas Sarkozy. L’ancien président refuse d’apporter le moindre soutien au candidat de sa famille politique. “Il est persuadé qu’il ne sera pas le prochain président de la République, alors il se garde bien de commenter”, expliquait en mars un député LR. “Nous avons travaillé dur pour que Nicolas Sarkozy ne dise rien et le fait qu’il ne dise rien est déjà une victoire pour nous”, a-t-il déclaré. Malgré le manque de soutien dans son camp, Valérie Pécresse n’a pas échappé à la polémique. Un sondage Libération révélait le 23 février que le parti LR voyait entrer dans ses rangs “plusieurs centaines d’adhérents” dont les membres ne se souviennent pas, mais inexistants voire décédés. Le journal évoque même la présence d’un chien dans les listes, nommé Douglas, qui a été enregistré en région Paca par son propriétaire qui soutient les Ciotti. La victoire de Valérie Pécresse à la conférence, déjà contestée par une enquête Mediapart auprès des électeurs étrangers, s’affaiblit une nouvelle fois. Et le chien Douglas est rapidement détourné sur les réseaux sociaux. Parfois, l’ancien Premier ministre Nicolas Sarkozy se met en difficulté avec une communication maladroite. Dans un communiqué publié le 28 février, celle qui tente de montrer sa taille d’homme politique annonce qu’elle va réunir un conseil stratégique de défense autour d’anciens ministres et députés de droite, pour “suivre l’évolution du conflit”. [en Ukraine] et analyser avec elle les enjeux géopolitiques. » encore une fois grand ridicule. Très choqué par l’absence du chien de Douglas dans la défense de Valérie Pécresse. pic.twitter.com/VPtOE8vcQw – Ceci est mon tweet (@ceciestmontweet) 1 mars 2022 Pour conclure, le Covid s’invite, fin mars, à sa campagne. Le virus oblige Valérie Pécresse à s’isoler plusieurs jours et à sécuriser ses rendez-vous par visioconférence. Dans les dernières semaines de la campagne, elle a tenté de reprendre la main en se montrant offensante lors d’un débat télévisé face à Eric Zemour ou en faisant preuve de plus de naturel lors de son dernier grand meeting. Mais il n’a jamais réussi à inverser la tendance.