Pull noir, longs cheveux bruns attachés en catogan, la menue Sorenza D., 19 ans, n’a pas pu trouver d’avocat à temps pour l’audience. Dès lors, elle seule tente d’expliquer devant la 10e pénitencier du tribunal de Paris pourquoi, en novembre 2020, elle a posté un message sur Twitter disant, à propos de Mila D. : « Si un jour je rencontre cette fille, je la tuerai. de mes propres mains. » Perplexe, elle dit avoir ensuite utilisé Twitter comme un “soulagement”, évoque un père malveillant, raconte son propre harcèlement pour avoir posté un “maquillage artistique” qui lui a valu des “messages” [lui] son dicton [se] pendre “, et, surtout, le fait qu’il pensait que Mila ne ” verrait pas [son] tweet”, qu’elle avait “oublié”, jusqu’à ce que les gendarmes viennent la retenir. Sorenza D., les larmes aux yeux, sera la seule prévenue à s’excuser auprès de Mila. Comme cinq autres personnes, dont seulement deux, en plus d’elle, sont présentes à l’audience, elle est licenciée car – comme des milliers d’autres internautes – elle a insulté et menacé de mort la jeune blonde. Une deuxième vague, quand Mila était déjà menacée depuis janvier 2020 pour avoir critiqué l’islam avec des messages forts sur Instagram. Mais quand le 14 novembre « pour résister à ceux qui [la] c’était du harcèlement”, conclut une vidéo sur Instagram disant : “Dernière chose, fais attention à ton partenaire Allah, s’il te plaît. “Parce que je n’ai pas encore retiré mes doigts de son trou du cul”, le cauchemar recommence. “Il faut le fumer. pute vas-y”, a écrit Timothée, tout juste en âge également. “Laissez-la mourir”, a écrit Fatem B., une mère de famille de 39 ans, sur Twitter.
« Bouc émissaire de toutes nos lâchetés »
Tous deux ont eu le plus grand mal à justifier leurs propos à la barre, affirmant qu’ils n’avaient pas mesuré leur portée, ni l’impact qu’ils auraient pu avoir sur la jeune femme. Son avocat, Me Richard Malka, est chargé de le leur rappeler dans sa plaidoirie. “On voit la polémique sur le TT [« trending topic », les tendances du moment sur Twitter]”Alors on jette notre petit caillou, il y a des petits, des moyens et des gros”, décrit-il, faisant tourner le virement du lynchage. “Leurs messages faisaient partie d’une lapidation numérique mondiale”, où “chaque mot est une pierre et ça fait mal”.
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Stones, c’était “plus de 100 000”, que la mère de Mila “lisait tous les jours depuis deux ans”, décrit Me Malka. En dehors de l’école, la jeune fille, “bouc émissaire de toutes nos lâchetés”, insiste l’avocat, vient de fêter ses 18 ans, sous protection policière permanente depuis deux ans. “Il rejoue leurs messages encore et encore. C’est stupide pour eux, c’est une torture pour elle”, poursuit Richard Malka, avant de raconter une blague : Mila aimerait avoir un chien. Mais ce n’est pas possible, la police lui a dit : “Tu ne peux pas, tu dois le promener tous les jours, nous risquons de savoir où tu habites”. Assise bien droite sur son banc, les yeux flous, Mila, pleurant silencieusement, se lève pour ramasser le mouchoir que sa mère lui a donné.
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