Aucune prédisposition

Les prévenus, un garçon de 16 ans et une fille de 16 ans, ont été condamnés à dix ans de prison avec formation judiciaire. Ils devront également payer 180 000 € de dommages et intérêts combinés à la famille d’Alisha. Debout dans la boîte, tous les deux, celui aux cheveux bouclés, celui avec un chignon et des lunettes fines, sont restés silencieux pendant la lecture de la décision. Il a d’abord comparu pour “meurtre”, crime de prévoyance, passible de vingt ans de prison sous prétexte de minorité. Après quatre jours de procès à huis clos, le tribunal a finalement décidé de requalifier les faits en “meurtre d’un mineur de 15 ans”. “Il ne semble pas y avoir suffisamment de preuves” pour indiquer une volonté “d’action préparatoire” à la mort de la jeune fille, a déclaré le président du tribunal. Les adolescents, cependant, étaient “pleinement conscients” de la situation et “ne pouvaient ignorer l’état évident de la victime” qui les “implorait”.

Incompréhension et colère

La décision a été accueillie avec incompréhension et colère par les partis citoyens et nombre de leurs partisans portant des T-shirts blancs floqués du portrait de l’adolescente et des slogans #JusticepourAlisha, #stopharassment et “I am Alisha”. “Ils ont tous deux été condamnés à dix ans de prison”, a déclaré Frank Burton, l’avocat de l’adolescent. La collégienne est décédée le 8 mars 2021 après une embuscade tendue par deux camarades de classe à Argenteuil, au nord-ouest de Paris. Au pied des piliers du viaduc de l’autoroute A15 qui s’étend jusqu’à la Seine, la jeune fille avait retrouvé une fille de sa classe. Quelques minutes plus tard, un garçon s’était approché de la victime pour lui asséner de multiples coups, dont certains au visage, avait rapporté le juge en détail. La victime a ensuite été jetée dans la Seine. L’autopsie s’est soldée par un décès par noyade. Rien ne laissait présager ce scénario macabre lorsque les trois protagonistes se sont rencontrés à la rentrée en septembre 2020 au lycée professionnel Cognacq-Jay, un établissement privé du centre-ville d’Argenteuil. Pourtant, les relations au sein du trio de troisième classe s’étaient détériorées dans les semaines qui ont précédé le drame, entre amourettes et “anecdotes” adolescentes.