A Téhéran, où il avait été invité à s’entretenir avec ses homologues iranien Ebrahim Raisi et le Turc Recep Tayyip Erdogan sur la Syrie et l’Ukraine, Poutine a confirmé qu’il y avait eu des progrès sur la question de l’exportation par voie maritime de millions de tonnes de céréales ukrainiennes, qui sont absent de l’équilibre alimentaire mondial. “Grâce à votre médiation, nous avons avancé”, a-t-il déclaré à Erdogan, dont le pays, membre de l’OTAN et puissance régionale sur la mer Noire, maintient un équilibre délicat entre Moscou et Kiev. “Toutes les questions ne sont pas encore réglées, c’est vrai, mais il y a du mouvement et c’est bien”, a ajouté le maître du Kremlin.
Prérequis pour les céréales russes
Pourtant, dans la soirée, Vladimir Poutine a contesté ces avancées, liant l’exportation de la production agricole ukrainienne à la levée des restrictions occidentales sur les céréales russes. “Nous faciliterons l’exportation de céréales ukrainiennes, mais sur la base de la suppression de toutes les restrictions liées aux livraisons aériennes pour l’exportation de céréales russes”, a confirmé le président russe à l’issue des pourparlers. La Russie a fait chaud et froid ces dernières semaines sur ces exportations cruciales, notamment vers le continent africain, affirmant ne pas s’y opposer tout en reprochant les sanctions occidentales et imposant des conditions que l’Ukraine refuse en l’état, comme le déminage des ports et des voies maritimes. Dernier épisode en date de ce grand bras de fer : la Commission européenne a proposé aux Etats membres de débloquer “certains fonds” des banques russes gelés par les sanctions de l’UE pour aider à relancer le commerce agricole et alimentaire, notamment du blé et des engrais, selon un document vu mardi par l’AFP.
Gazprom “prêt à pomper autant que nécessaire”
L’UE “veut être absolument claire sur le fait que rien dans les sanctions n’empêche l’expédition de céréales depuis la Russie ou l’Ukraine”, a déclaré à l’AFP un diplomate européen sous couvert d’anonymat. Sur le gaz naturel, autre point de tension entre Moscou et les Européens, Vladimir Poutine a assuré que le géant russe Gazprom “s’acquittera pleinement de ses obligations” au moment où les livraisons vers l’Europe chutent. “Gazprom est prêt à pomper autant qu’il en a besoin”, a-t-il déclaré, suggérant que l’Occident était dans une position difficile car il avait imposé des sanctions à Moscou et “fermé” les canaux de livraison d’hydrocarbures. La guerre en Ukraine entrera dans son sixième mois le 24 juillet, et jusqu’à présent, il n’y a pas de bilan total des morts civiles du conflit.