A quatre jours du premier tour de l’élection présidentielle, la fièvre bat France 2, fleuron de France Télévisions. La décision d’Emanuel Macron de ne pas se présenter à “l’Elysée 2022” mardi 5 avril, contrairement aux onze autres candidats à l’élection, obligeant la chaîne à rediffuser des extraits du meeting de défense de la présidentielle, n’est pas révolue. “Cher @France2tv, lors du second tour, si les Français me font confiance, je vous annonce que je souhaite remplacer les interviews sur votre chaîne par la diffusion des meilleurs extraits de mes rencontres”, a écrit Marin Le Pen sur Twitter le lendemain.
Dans ce contexte de méfiance, la reprogrammation d’un magazine “Complément d’Enquête” consacré au ciblage publicitaire des groupes de candidats à la présidentielle, qui était initialement prévue jeudi, éveille les soupçons. A l’origine de cette décision, Delphine Ernotte, la présidente du groupe de télévision, a sans doute voulu éviter de “mettre de l’huile sur le feu”, confirme un salarié.
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Cette enquête de 54 minutes de Chloé Vienne intitulée Big data : quand les politiciens nous ciblent, raconte comment les équipes digitales des candidats utilisent les coordonnées des citoyens pour leur envoyer des messages électoraux (sms, e-mail, messages vocaux). Une pratique adoptée par la plupart d’entre eux, malgré les dangers qu’elle fait peser sur la vie privée des citoyens. “C’est une question d’intérêt général, qui méritait d’être couverte avant l’élection”, a déclaré un journaliste de France 2. “L’un des cadres supérieurs du groupe audiovisuel a dit avoir peur que cette recherche ne les ‘nourrisse’ tous pourris’”.
Contrairement au code électoral
Officiellement, dans la campagne électorale qui s’est achevée vendredi à minuit, les candidats qui souhaitaient exercer leur droit de réponse auraient moins de quarante-huit heures pour le faire, ce qui serait contraire au code électoral. “Ma crainte est que le magazine soit instrumentalisé par l’un ou l’autre. “Si un litige était né, nous n’aurions pas eu le temps d’y répondre”, confirme Germain Dagognet, rédacteur en chef du magazine France Télévisions. Pour cette raison, « l’Elysée 2022 » était exceptionnellement programmé mardi et non jeudi. En 2017, le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) leur reprochait d’avoir exécuté le programme politique, vingt-quatre heures avant la fin de la campagne. Il ne vous reste plus qu’à lire 36,3% de cet article. Ce qui suit est réservé aux abonnés.