“Je suis fondamentalement, idéologiquement de gauche et profondément humaniste, mais je voterai pour Marin Le Pen.” Alexandre, Sud-Ouest de 36 ans, a voté pour Jean-Luc Mélenchon au premier tour de l’élection présidentielle. Mais le 24 avril, pour le second tour, il est exclu du vote pour le président sortant. Comme près d’un tiers des électeurs de La France insoumise (LFI), ils voteront pour le candidat d’extrême droite, même si, au soir du premier tour, Jean-Luc Mélenchon – arrivé troisième avec 21,95 % des suffrages – – réaffirme que Marin Lepen ne devrait pas recevoir une seule voix.
“Electrochoc” en vue des législatives
Le trentenaire, qui ne partage pas l’avis de Marin Lepen, justifie son choix, notamment avec la perspective des élections législatives à venir. Car les 12 et 19 juin, les Français et les Françaises sont de nouveau appelés aux urnes pour élire leurs députés. “Si Macron passe, il y aura une abstention record aux élections législatives”, a déclaré Alexandre à BFMTV.com. Selon lui, le but est d’empêcher l’action politique de Marin Le Pen si ce dernier était élu à la magistrature suprême. C’est bien l’ambition de LFI : gagner le plus de sièges possible à l’Assemblée nationale pour imposer la cohabitation au futur occupant de l’Elysée. “Tout le monde sera de notre côté, a poursuivi Alexandre. Il sera plus facile de lutter contre Le Pen que de combattre Macron.”
“Ce ne sera pas pire que Macron”
Quant aux appels aux votes utiles, Alexandre ne veut plus en entendre parler. “J’ai déjà voté utile. On voit où ça mène. Il faut punir ce cirque qui dure vingt ans.” Au second tour, en 2017, le jeune homme s’est abstenu mais en 2012 il a voté pour François Hollande, le candidat du Parti socialiste. “Il faut mettre un terme à ce vote utile. Pas question de voter utile pour Macron quand on voit qu’il a vendu la France à McKinsey.” Je suis un mélancolique convaincu. Lepen ne sera pas pire que Macron.” Sur les réseaux sociaux, le débat fait rage chez les soutiens de Jean-Luc Mélenchon. Pour certains, peu importe qu’ils votent pour l’un ou l’autre, ils voteront blanc ou s’abstiendront – ce qui correspondrait au deuxième tiers des électeurs du candidat LFI. “Ni Macron ni Lepen”, écrivent-ils. Mais pour d’autres, c’est la logique de “tout sauf Macron”, parfois qualifié d’”éborgneur” dans les commentaires – par rapport aux personnes blessées par des policiers lors de manifestations en gilets jaunes. Parmi ces électeurs de Jean-Luc Mélenchon apparaît ainsi une forme de dégoût pour le candidat LaREM. C’est le cas de Salima, 49 ans, qui travaille pour la Sécurité sociale. Il accuse Emanuel Macron de mépriser les petites gens, “nous, les gens qui ne sont rien, comme il disait”, explique à BFMTV.com. Elle lui reproche aussi de gérer la crise sanitaire et d’introduire le carnet de vaccination – elle et sa fille de 12 ans n’ont pas été vaccinées. “Je suis anti-macroniste à 2000%”, insiste Salima. “Je nie ce monde du super-libéralisme, la cassure du service public, de l’hôpital.” Cet habitant de la région Rhône-Alpes a pourtant “toujours voté à gauche”. Sauf en 2002, lors du second tour qui oppose pour la première fois la droite à l’extrême droite. Elle a ensuite donné sa voix à Jacques Chirac. Il y a cinq ans, il avait voté Mélenchon au premier tour, Blanc au second. Mais le 24 avril, il votera pour Marin Lepen. “Je ne serai pas dupe deux fois”, a-t-il ajouté. A chaque fois je me disais : « Il faut arrêter la Coalition nationale ». Eh bien, je vais essayer. Et pourtant, je suis de l’immigration et je voterai pour Le Pen, on y est.