Posté à 16h43

Toutes les règles concernant le compte d’épargne libre d’impôt pour l’achat d’une première propriété (TFSAPP) ne sont pas encore connues. Mais il ne serait pas étonnant que cette mesure phare du second budget de Freeland signe l’arrêt de mort du RAP, le fameux système d’accession à la propriété. Pourquoi ? Parce que CELIAPP est moins contraignant. Payer plus cher aussi. Voyons voir comment ça fonctionne. Dès 2023, il sera possible d’ouvrir ce type de compte et d’y déposer 8 000 $ par an pour réunir la mise de fonds nécessaire à l’achat de votre première propriété. La beauté de la chose est que les cotisations sont entièrement déductibles d’impôt, comme celles versées dans un REER. Vous gagnez 70 000 $ par année, vous mettez le maximum dans votre CELI et votre hop, votre revenu imposable vient de chuter à 62 000 $. Cela augmente vraiment la capacité d’épargne, puisque le remboursement d’impôt (1 370 $ ou 2 970 $ si le Québec est impliqué) peut être versé au compte immédiatement. Il n’y a pas que ça. Un deuxième cadeau est offert lors du retrait. Aucun remboursement ne sera facturé pour le remboursement reçu, comme s’il s’agissait d’un CELI. « Du point de vue d’un contribuable, c’est un rêve devenu réalité », a déclaré Luc Godbout, directeur de la Chaire de fiscalité et de finances publiques de l’Université de Sherbrooke. Toutes les bonnes choses ont des limites. Par exemple, les cotisations inutilisées ne sont pas reportées à l’année suivante et un maximum de 40 000 $ est requis. Le grand avantage du CELIAPP, par rapport au RAP, c’est qu’il n’y a rien à rembourser sur les années. Cette charge moins élevée permettra aux primo-accédants de pousser un soupir de soulagement alors que les prix des logements ont explosé au cours des deux dernières années. Une tendance qui ne faiblit pas. En mars, le prix médian des maisons au Québec a atteint 430 000 $, bondissant de 21 % en 12 mois, selon l’Association professionnelle des courtisans immobiliers du Québec (APCIQ). Bien sûr, même les meilleurs plans de vie changent. Ottawa a prédit le coup en permettant que les fonds amassés dans un CELIAPP soient transférés dans un REER ou même un FERR. La flexibilité est importante (voir encadré ci-dessous). CELIAPP permet également aux nouveaux acheteurs d’éviter une étrange combinaison d’articles. L’argent destiné à la retraite doit être utilisé… à la retraite. Cela dit, ce nouveau compte n’augmente pas la richesse des ménages. Ceux qui ont de la difficulté à mettre de l’argent dans un REER ou un CELI n’auront pas les moyens de remplir un CELI. Dans bien des cas, ceux qui rêvent de devenir propriétaires devront prioriser un ou deux des trois comptes, voire quatre, si on y ajoute le REEE, pour les études. Ne soyez pas surpris si cette question revient fréquemment : REER, REEE, CELI ou CELI en premier ? Seuls les plus fortunés pourront profiter de tous ces véhicules d’investissement et les conseillers financiers développeront sûrement bientôt des stratégies pour tirer le meilleur parti de leurs clients. « Nous ajoutons de la complexité à la planification », explique Stéphane Leblanc, fiscaliste et associé chez Ernst & Young. Un commentaire partagé par Luc Godbout. À Ottawa, on sait très bien que cette nouvelle mesure profitera davantage aux plus riches. “La combinaison de déductions fiscales et de retraits non imposables signifie que la mesure offre les plus grands avantages aux acheteurs d’une première maison à revenu élevé, car ils sont confrontés à des taux marginaux d’imposition plus élevés et ont plus d’économies sur la mise de fonds. “, fait référence à un document remis aux médias. En même temps, serait-il sain d’inciter les personnes qui n’ont pas les moyens financiers d’entretenir un logement à devenir propriétaires ? Ce qui est étrange, c’est qu’en 1974, lorsque le père de Justin Trinto dirigeait le Canada, un régime d’épargne similaire a été créé. Nous voulions, comme aujourd’hui, aider les jeunes à acquérir un premier bien et freiner la hausse fulgurante des prix de l’immobilier. Le Régime enregistré d’épargne logement (REEL) s’est amélioré au fil des ans, mais a été supprimé une dizaine d’années plus tard. Ses détracteurs de l’époque ne voyaient pas comment une telle incitation à l’épargne pouvait freiner l’inflation immobilière. Aujourd’hui encore, CELIAPP risque de risquer le marché en attirant plus d’acheteurs.

Ce que nous devons savoir

Critère d’éligibilité:

Être résident du Canada et être âgé d’au moins 18 ans Vous n’avez pas vécu sur une propriété qui nous appartient au cours de l’année d’ouverture du compte ou des quatre années civiles précédentes

Début : 2023 Cotisation maximale 8 000 $ par année, limite à vie 40 000 $ Les droits de cotisation annuels inutilisés ne peuvent pas être reportés à une année ultérieure. Les cotisations sont déductibles d’impôt et les retraits pour la première maison, y compris les revenus de placement, sont libres d’impôt. Les particuliers ne seront pas admissibles au TFSAPP et au RAP pour acheter la même propriété. Un transfert du CELI au REER ne réduira pas la portée des cotisations futures et ne sera pas limité par les droits déjà acquis. Les particuliers seront limités à effectuer des retraits en franchise d’impôt sur une seule propriété au cours de leur vie.