“Nous ne pouvons pas promettre qu’ils retrouveront leur maison ce soir”
L’un des fronts les plus inquiétants se trouve à Commana. Il parcourt un tronçon de 3,5 km de rocade entre Botmeur et Commana. Cette RD 11 stratégique suit la ligne supérieure des Monts d’Arrée pour relier la RD 764 et la 785 préfectorale. Celui qui connaît le mieux le secteur est Philippe Guéguen, maire de Commana mais également responsable des voiries de ce secteur pour la préfecture conseil. Il dormait une heure par nuit du lundi au mardi. Cent soixante-dix habitants de sa communauté ont été contraints de quitter leur domicile pour rejoindre la salle des sports de Sizun. “Je vais essayer d’aller les voir. Nous ne pouvons pas leur promettre qu’ils retrouveront leur maison ce soir.” (AFP)
Feu où Elorn se lève
L’inquiétude le tient éveillé. Il tend la main par la fenêtre, « La source d’Elorn est là, juste devant, au bord de Shizune et Komana. Il n’y avait pas eu d’incendie ici depuis 1976 ! “. Cette fois, il est passé. Le long de la route, les poteaux électriques ne sont que des bûches. “C’est impressionnant comme il est allé hier soir”, raconte l’élu. Il est obsédé par le feu qui pique les derniers mètres avant la RD 11. Il se précipite pour être à côté des pompiers. L’un d’entre eux gisait épuisé dans la rue. Ils ont commencé à combattre la catastrophe à 16 heures lundi.
“Si le feu saute RD 11, alors là…”
« C’est l’endroit pour le garder. Il ne faut pas que les flammes passent”, explique un pompier de Sizun, sinon Plounéour-Ménez, Berrien, Roch Trédudon seraient directement menacés. Non loin de lui, derrière un épais écran de fumée, Olivier Bonnet, pompier de Clohars Fouesnant, se bat également. La fatigue le rend pessimiste. « Nous avons été licenciés à 1h du matin. Depuis, on a fait tout ce qu’on pouvait, mais si le feu saute la RD 11, alors là… ». La succession est attendue pour bientôt, comme le messie.
Un troupeau en voie de disparition
La pause attendra le Lieutenant Richard Philippe. Il vient de passer le relais au lieutenant-colonel Boissonnet, arrivé en renfort du Sdis des Côtes-d’Armor, qui a également envoyé 16 sapeurs-pompiers. Il s’apprêtait à faire une pause, mais un message vient de tomber : un troupeau de bovins est potentiellement menacé dans un champ, au lieu-dit Brézéhant. L’officier saute dans son véhicule utilitaire, emmène dans son sillage un camion de pompier forestier et prend le volant du maire, qui connaît tous les raccourcis. Deux tracteurs suivent leurs traces. Ce sont eux qui arroseront les bords du terrain.
« Des sapeurs-pompiers volontaires formidables ! »
Les agriculteurs des Monts d’Arrée sont partout depuis lundi après-midi. « Je n’ai jamais rencontré autant de tonnes de pulpe en une nuit. Ça venait de partout ! Ce ne sont pas des pompiers, mais des super pompiers volontaires ! », leur rend hommage le lieutenant Richard Philippe. Philippe Guéguen acquiesce : « Des tonnes d’eau ont coulé toute la nuit pour irriguer les champs et empêcher les flammes d’atteindre le village de Botcador. Ils ont fait un excellent travail! “.
“Nous voulions maintenir notre campagne”
Samuel Morvan sourit et regagne la cabine de son tracteur. Le fermier de Commana n’a dormi qu’une demi-heure. “Lundi, à 18h40, j’ai commencé à appeler des collègues. Tout le monde a répondu en étant présent », dit-il. Tout au long de la nuit, une quinzaine d’agriculteurs de sa commune, mais aussi de Botmeur, Loperec, Pleyber-Christ et Loc-Eguiner-Ploudiry, ont continué à recharger leur citerne au lac de Brennilis pour mieux absorber le bord du feu et soutenir les pompiers débordés. En ce mardi après-midi, pourtant, les mines sont plongées dans l’obscurité. « Nous voulions préserver la campagne, mais le deuil, c’est le cerf, le chevreuil, le sanglier. Certains ont été bloqués par les flammes, c’est sûr ! “.