Mercredi soir, l’ambassade de Russie en France a publié un nouveau faux tweet, à l’image de la communication développée par les comptes Twitter officiels liés à la Fédération de Russie depuis le début de l’attentat contre l’Ukraine. Le message fait cette fois référence à un « plateau de tournage » à Boutsa, une ville où des exactions commises contre des civils ont été découvertes le week-end dernier. Aux Nations unies, l’ambassadeur de Russie avait déjà invoqué une “scène” d’Ukrainiens pour évoquer les cadavres retrouvés dans les rues de cette ville de la périphérie de Kiev.
“Le tweet le plus déshonorant de l’année”
Suite à ces nombreuses provocations de la délégation russe en France, et que la vérité sur les tueries commises au Bhoutan ait été établie par divers médias du monde, dont les envoyés spéciaux de BFMTV sur le terrain, c’est à nouveau sur les réseaux sociaux. Le ministre des Affaires étrangères chargé des Affaires européennes, Clement Boone, a répondu au tweet. “Au-delà de la honte, arrêtez.” Un message posté sur les comptes Twitter d’Elisabeth Borne, ministre du Travail, et d’Aurore Bergé, vice-présidente du groupe LaREM à l’Assemblée nationale. La députée européenne Valérie Hayer, coprésidente du Groupe Renaissance, a déclaré : “Cette communication est nauséabonde. La Russie sera tenue responsable de ces crimes.” Entre autres réponses, la condamnation est aussi quasi unanime. “Le tweet le plus déshonorant de l’année. Et pourtant il y avait des prétendants”, rappelle un internaute. La photo publiée par l’ambassade de Russie, qui montre prétendument un « plateau de tournage » à Butsa, a en fait été prise dans la ville. On y voit plusieurs journalistes, comme en témoigne le message « PRESSE » inscrit sur leurs gilets pare-balles, dont certains prennent en photo un chat perdu au milieu des décombres, avec en arrière-plan le coffre d’un véhicule blindé. Pourtant, comme l’a montré le compte @GastonCremieux, la photo ne montre pas un plan, mais des journalistes documentant l’horreur commise dans la ville après le départ des troupes russes. La photo originale se trouve dans un reportage du média ukrainien Vechirniy, accessible ici, avec la légende : “Ils l’ont détruite : à quoi ressemble la rue principale de Boutsa aujourd’hui après des batailles à grande échelle”. Dans l’article, on retrouve la photo transmise par l’ambassade de Russie, mais aussi d’autres clichés similaires. Ainsi on retrouve dans certains clichés le chat roux, mais aussi d’autres photos de la fenêtre du réservoir.
La désinformation jusqu’au bout
Depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine, la Russie a redoublé d’efforts pour répandre la désinformation sur le conflit. Outre les accusations d’être « dirigées » à Butsa, les autorités russes répètent à qui veut l’entendre que ce sont les Ukrainiens qui tuent des civils à Marioupol ou qu’ils utilisent des enfants comme boucliers humains. Lundi, la France a limogé 35 diplomates russes basés à Paris “dont les activités vont à l’encontre de nos intérêts sécuritaires”, selon le Quai d’Orsay. Parmi eux, certains ont peut-être participé à la désinformation commise par les comptes numériques de l’Ambassade, comme le souligne notre chroniqueur politique international Patrick Sauce.