“KB9” n’a porté que trois maillots différents dans sa carrière professionnelle : celui de son club d’entraîneurs, l’Olympique Lyonnais, celui de l’équipe de France, dès sa première cape à 19 ans, et celui du Real Madrid, où il a presque tout gagné. A 34 ans, l’avant-centre est un exemple de longévité, de stabilité et de dévouement. Arrivé au centre de formation à l’âge de dix ans, Benzema a appris toutes ses qualités à l’OL. Mais le jeune garçon de l’époque ne s’est pas tout de suite montré, même si son potentiel était évident. Armand Garrido, ancien entraîneur des U17 de l’Olympique Lyonnais, se souvient d’un enfant “calme, discret, voire timide”. Le déclencheur c’est entre 15 et 17 ans qui arrive. “Sa participation au stade s’est transformée et il est rapidement devenu professionnel.” La raison de cette explosion soudaine ? “C’est un fan de football qui travaille dur”, a déclaré Armand Garrido à franceinfo: sport. Travail et passion, deux mots qui marqueront sa carrière. – Olympique Lyonnais (@OL) 15 janvier 2020 Entré dans l’équipe professionnelle de Lyon en 2004, l’attaquant dispute son premier match en janvier 2005. Sidney Govou, qui a évolué à l’OL entre 1999 et 2010, s’est vite rendu compte que ce jeune Gone était un attaquant de son époque, les années 2000, signalant le crépuscule de la surface. renards. Benzema est différent, “un joueur qui ne fait pas que marquer des buts”, insiste l’ancien ailier du Rhône. Ses statistiques lui donnent raison : en plus d’être le meilleur buteur de la saison 2007-2008, Karim Benzema délivre six passes décisives, ce qui fait de lui le deuxième meilleur attaquant de ce classement. A l’été 2009, après 148 apparitions à l’OL, il était temps de décoller, loin du Rhône, en troquant une tunique blanche contre une autre. Les Rhodaniens arrivent en même temps qu’un Cristiano Ronaldo, un Ballon d’Or et un nouveau record de transfert, dans un Madrid qui reconstruit une ère galactique. Les instances sont irrégulières et les Français, en concurrence avec Gonzalo Higuain, ne jouent pas en continu, au point qu’ils ne sont pas sélectionnés pour la Coupe du monde 2010. “Benzema reste en crise, non seulement des buts mais aussi de l’identité du football”, écrit le Journal espagnol Comme en octobre 2009, au lendemain de la défaite face à Milan (2-3). “Cela donne l’impression qu’il n’est pas encore arrivé à Madrid”, a abondé Marca. En 2010, José Mourinho, alors patron du Real, avait publiquement critiqué le Français pour son manque d’agressivité et sa combativité, alors que la blessure d’Higuain l’obligeait à s’imposer. “Si vous n’avez pas de chien pour aller chasser mais que vous avez un chat, alors vous obtenez le chat, n’est-ce pas? Pourquoi ne pouvez-vous pas y aller seul. Nous n’avons qu’un seul attaquant, Benzema.” “Si vous n’avez pas de chien pour aller chasser, mais que vous avez un chat, alors vous obtenez le chat, n’est-ce pas ? Parce que vous ne pouvez pas seul. Nous n’avons qu’un seul attaquant, Benzema”, José Mourinho (2010). pic.twitter.com/MXmKvRn3S0 — Réal France (@realfrance_fr) 22 avril 2020 Une sortie un peu savoureuse de l’attaquant, qui l’expliquera en personne à son entraîneur. Pourtant, avares de patience, les dirigeants du Real font preuve d’indulgence envers les Français. “Nous avons un attaquant depuis dix ans”, a déclaré le directeur général de l’époque, Jorge Valdano. Le club le soutiendra toujours, même lors du bouleversement né de l’affaire de la sextape en novembre 2015, qui lui vaudra une médiatisation et une accusation de “complicité de tentative de chantage et participation à une association de malfaiteurs”. Ce soutien indéfectible de la Casa Blanca permettra à Benzema de rester concentré sur le terrain. Là, il a grandi intelligemment, dans l’ombre de Cristiano Ronaldo. “Il a compris qu’il devait être un peu moins concentré sur le but que Cristiano”, explique Sidney Govou à franceinfo : sport. Pour Alain Perrin, l’attaquant devient alors “un joueur technique, qui aime passer, qui aime jouer avec ses coéquipiers”. “Quand il était jeune, nous l’avons toujours utilisé comme n°10”. Armand Garrido, ancien entraîneur de l’OL Informations France : sport Une évolution qui n’a rien d’étonnant, à écouter l’entraîneur d’Armand Garrido. “Il était toujours entouré de très bons joueurs en attaque, du centre de formation avec des joueurs comme Loic Remy ou Hatem Ben Arfa”, se souvient son entraîneur des U17. Quand il était petit, on l’utilisait comme n°10. [milieu offensif]« Se retirer et laisser les projecteurs sur Cristiano Ronaldo était donc dans son ADN, faisant de lui un fidèle lieutenant portugais. Là où CR7 marque 41 à 61 buts par saison, Benzema évolue entre 17 et 28. Mais tout le monde s’accorde sur un point : c’est l’homme. dans l’ombre, nécessaire aux Portugais. Mais en 2018, le Real a enregistré le départ de Ronaldo. C’est l’heure. Près de dix ans après son arrivée, Karim Benzema devient le patron de l’attaque des Merengues, inscrivant plus de 30 buts par saison. Orphelin de son lieutenant, Ronaldo, il ne retrouvera pas sa performance de géant après son passage à la Juventus de Turin. “Il est devenu le leader technique de l’équipe, comme il l’est depuis son retour en France”, a déclaré Alain Perrin. “Il a développé cette capacité à être un leader et il a atteint un âge où les gens l’écoutent et le suivent.” Sidney Govou Informations France : sport “Cela fait partie de sa progression, explique Sidney Govou. Il a développé cette capacité à être un leader. Ce n’était pas nécessairement inné.” Prendre conscience de cette nouvelle stature : le brassard de leader récupéré lors du départ du leader Sergio Ramos l’été dernier. Leader incontesté, il passe désormais à la nouvelle génération du Real. « Βινίσιους [son coéquipier brésilien de 21 ans] Je ne lui ai pas appris le foot, a-t-il avoué à L’Equipe, mardi 5 avril. (…) Maintenant, il fait les bons choix, pense-t-il. C’est ce que j’ai appris de lui.” Cette saison, « KB nueve » est bien parti pour réaliser sa meilleure performance, avec 32 buts et 13 passes décisives en 34 matchs. Sa performance au Parc des Princes, qui a dégoûté le PSG « galactique », lui permet d’être encore en course pour remporter une cinquième Ligue des Champions… et pourquoi pas rêver d’un premier Ballon d’Or, qui a vu son système et qui pourrait bien sanctifier un Français comme le premier vainqueur de sa nouvelle version.