Un rare moment de concorde à l’Assemblée nationale. Il est minuit et demi ce jeudi 21 juillet et les députés viennent de voter le découplage de l’Adult Disability Allowance (ADA). Sur les 577 députés, 428 étaient présents en Demi-cercle pour saluer un “moment historique” et le vote d’une “mesure de justice”. Le vote unanime a été célébré par des applaudissements. Cette déconnexion avait ainsi été apportée environ six fois par l’opposition dans des propositions législatives lors du premier quinquennat d’Emmanuel Macron. Mais ils ont été systématiquement rejetés par la majorité des députés qui jugeaient cette mesure injuste, car ils bénéficiaient indistinctement des humbles aux plus fortunés. Pourtant, le candidat Macron avait promis pendant la campagne présidentielle qu’il “bougerait” sur ce dossier. Dans sa déclaration de politique générale, la première ministre, Elisabeth Borne, avait pris seule cette mesure. « Mon gouvernement va réformer, avec vous, avec les syndicats, l’Allocation handicap pour les adultes », avant de préciser : « On va repartir du début de la déconnexion. »
“Message de dignité”
En acceptant le principe de cette disposition, inscrite dans le projet de loi sur le pouvoir d’achat, la majorité présidentielle entendait démontrer qu’elle pouvait négocier avec l’opposition et se rallier, en partie, à ses propositions. “On a eu des discussions intenses, amères, des divergences, c’est vrai, mais aujourd’hui on peut et on veut aller vers une solution co-construite collectivement”, s’est félicitée la rapporteure du projet de loi sur le pouvoir d’achat, la députée de la Renaissance Charlotte Parmentier-Lecocq.
Partisan de cette réforme lors du premier quinquennat d’Emmanuel Macron, le député LR du Lot, Aurélien Pradié, s’est enthousiasmé pour « ce message de dignité » : « Si nous sommes ici dans cette Assemblée, c’est pour défendre des concepts , une idéologie politique mais si nous sommes là, c’est aussi pour changer la vie de nos concitoyens.” On se bat fort dans les campagnes, on se bat fort dans les Conventions. Et puis il y a des moments où on est capable de se rassembler pour permettre la déconnexion”, s’est félicitée la présidente de l’équipe du Rassemblement national, Marine Le Pen.
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A 904 € par mois, l’AAH vise à permettre aux personnes handicapées d’obtenir des “ressources minimales” lorsqu’elles sont dans l’incapacité de travailler. Cependant, son montant était jusqu’à présent calculé en fonction du nombre de parts fiscales du foyer, laissant 270.000 personnes en couple dépendantes – sur les 1,2 million qui perçoivent l’AAH – des revenus de leur conjoint. « Une anomalie démocratique », avait dénoncé le président du groupe écologiste Julien Bayou quelques minutes avant le vote : « C’est une mesure hypocrite visant l’autonomie, mais à cause de la limite et du calcul au niveau du conjoint, certaines personnes ne peuvent pas contribuent aux revenus du ménage et doivent se tourner vers leur conjoint pour toutes les dépenses de la vie quotidienne. »
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