Après d’âpres et longs débats, l’Assemblée nationale a voté mardi le maintien de la “prime Macron”, une allocation extraordinaire défiscalisée et désocialisée, au deuxième jour d’examen du projet de loi sur le pouvoir d’achat. Après plus de six heures de débat sur l’intérêt des allocations, en lieu et place des augmentations salariales soutenues par la gauche, les députés ont adopté par 327 voix contre 119 l’article 1 du texte phare de l’été au Parlement. Ainsi, les employeurs pourront verser jusqu’au 31 décembre 2023 une prime exceptionnelle d’un montant maximum de 3 000 euros (ou 6 000 euros en cas d’accord d’intéressement), exonérée d’impôt sur le revenu et de cotisations sociales, pour les salariés dont les revenus est inférieur à trois fois la valeur du salaire minimum.
“Nous n’avons jamais dit que nous voulions régler avec vous”
Il s’agit de la prolongation de la “prime Macron”, instaurée en 2019 lors de la crise des gilets jaunes, mais avec un triplement du plafond de cette prime. Selon l’étude d’impact du gouvernement, plus de 15 millions de personnes ont bénéficié de cette prime entre 2019 et 2022, pour un montant moyen de prime de 542 €. L’alliance de gauche Nupes estime que “les primes se substituent au salaire” et qu’elles dépendent “du bon vouloir du patron” – ce à quoi la majorité a répondu que cette vision de l’entreprise était “d’une autre époque”. Plusieurs élus de gauche ont d’ailleurs dénoncé à plusieurs reprises la “volonté de définancer la Sécurité sociale et les caisses de retraite” à travers cette prime. Après avoir été interpellée par l’écologiste Sandra Regol, la députée LREM Christine Le Nabour a lancé dans les bancs de gauche “on n’a jamais dit qu’on voulait transiger avec vous”, provoquant un déferlement immédiat d’indignation des élues Nupes.
Marine Le Pen n’est pas opposée aux primes
En dehors du gouvernement et de la majorité, les insoumis se sont battus sur un autre front, celui des députés RN qui cherchaient à amender ou à élargir la prime plutôt qu’à s’y opposer. “Il y a une bataille à mener, pour faire monter les salaires” et le RN agit en “bon allié de macron”, précisément lancé par Adrien Quatennens. Et Marine Le Pen de considérer que “les bonus ce n’est pas l’idéal, mais pour des millions de Français c’est quand même une augmentation de leur pouvoir d’achat”. Le projet de loi prévoit également de pérenniser la prime dans le secteur privé, sous la forme d’une « prime de partage de valeur ». Celle-ci ne sera exonérée de prélèvements sociaux que dans la limite de 3 000 euros (6 000 euros en cas d’accord d’intéressement). Le montant maximum de la prime et le niveau de rémunération maximum pouvant y donner accès doivent faire l’objet d’un accord d’entreprise ou de groupe ou, à défaut, d’une décision unilatérale de l’employeur.