« Et si Macron perd l’élection présidentielle ? demande Le Soir. Pour le président sortant, “tout aurait dû être cuit”, mais, “imperceptiblement, le vent a été renversé”, note le journal belge, mardi 5 avril, évoquant la découverte de Marin Le Pen.
Selon la neuvième vague de recherche menée par Ipsos-Sopra Steria avec le Cevipof et la Fondation Jean-Jaurès pour Le Monde, l’écart entre Emmanuel Macron et le candidat du Rassemblement national (RN) continue de se réduire. Au premier tour, 26,5% et 21,5% des intentions de vote sont respectivement créditées. Le candidat à la présidence connaît une érosion des intentions de vote en sa faveur (-4 points en un mois), quand, dans la même période, le candidat d’extrême droite a remporté 7 points. Au second tour, en cas de duel Macron-Le Pen, le candidat du RN recueillerait 46% des suffrages (+ 3 points).
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Dans l’histoire de la Ve République, plusieurs candidats apparus en tête dans les sondages ont échoué à l’épreuve des urnes, rappelle Le Soir. En 1981, « comme prévu, [Valéry Giscard d’Estaing] est sorti vainqueur du premier tour (…). Pourtant, le 10 mai, François Mitterrand l’emporte avec 51,76 % des suffrages. Edouard Balladur en 1995 et Lionel Jospin en 2002 avaient eux aussi de bonnes raisons de croire que leur heure était venue, rappelle le journal. Finalement, ils sont arrivés à la troisième place.
“Le Pen à l’Elysée, l’affaire devient crédible” et “il serait imprudent de l’écarter sans contrôle”, estime Dorian de Meeûs, rédacteur en chef de La Libre Belgique. “Le pouvoir d’achat paralyse les citoyens. “Lepen l’a compris et en a fait son passe-temps”, a-t-il écrit dans un article publié le samedi 2 avril. La candidate d’extrême droite « adoucit son message et fragilise son programme. Son nom, et l’héritage politique qu’il incarne, ne semblent plus être un obstacle en soi. “La campagne stressante, monotone et caricaturale d’Eric Zemmour est un don divin à Marine Le Pen, au point d’en faire la ‘présidente’ aux yeux de l’électorat.”
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“Une campagne électorale poussive”
“Les sondages montrent que si la société croyait autrefois [Marine Le Pen] “Le ‘diable’ de la perception publique de la République à son égard a diminué”, a écrit The Guardian dans un article de lundi 4 avril. La candidate d’extrême droite a aussi réussi à faire oublier sa proximité avec le président russe Vladimir Poutine en misant sur le pouvoir d’achat, analyse le journal britannique.
Le Guardian rappelle qu’il s’agit de la campagne présidentielle “caractérisée par l’extrême droite dans l’histoire moderne de la France” : avec plus de 33 % des suffrages, l’extrême droite est de loin la famille politique la plus puissante du pays. Le journal évoque notamment le discours “incendiaire” d’Eric Zemour qui “a ancré la théorie complotiste du “grand remplacement”. “Au lieu de faire du mal à Le Pen, Zemour l’a renforcée” car sa radicalité a contribué à donner à la candidate du RN une image moins extrême.
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Le Financial Times ne manque pas non plus d’insister sur la “marge bien moindre” qu’Emanuel Macron aura en faveur de Marin Le Pen par rapport aux élections de 2017. “La Russie a été électrifiée par les espoirs de l’extrême droite”, lit-on dans un article. dans le journal britannique paru le mardi 5 avril. “La France pourrait devenir la prochaine démocratie occidentale à tomber sous le joug d’un leader populiste sceptique à l’égard de l’OTAN et de l’UE, financièrement protecteur et favorable à un contrôle strict des immigrés non européens”, écrit le journal économique et financier. ajoute : “Même si Le Pen perd, il est susceptible de réaliser la meilleure performance de son parti d’extrême droite depuis que son père, Jean-Marie Le Pen, a fondé le Front national (…) en 1972.”
Selon le New York Times, la guerre en Ukraine et les efforts de médiation d’Emanuel Macron ont fortement contribué à son abandon dans les urnes. La question, explique le journal américain, est loin des préoccupations quotidiennes des Français. “L’idée que Le Pen gagne n’est pas impossible”, ce qui “aurait semblé ridicule il y a un mois”, a ajouté le journal dans cet article de lundi 4 avril. Marine Le Pen, emmenée par Eric Zemmour, “semblait avoir échoué en 2012 et 2017”. « En devenant candidat à la xénophobie absolue, [Eric Zemmour] aidé la candidate de la Coalition nationale dans sa démarche d’« humiliation ». »
“Le scénario le plus inquiétant pour M. Macron est que le vote de M. Zemour aille à Mme Lepen au second tour et soit encore renforcé par la grande partie de la gauche qui se sent trahie ou simplement hostile. “ainsi que certains électeurs de droite et de centre-droit pour qui l’immigration est une question centrale”, a également rapporté le New York Times.
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“Explosion de la droite française”
Le journal espagnol El Pais s’est d’ailleurs fait l’écho, jeudi 31 mars, du “vent d’optimisme” qui souffle dans la campagne du candidat RN. “Avant que Zemour ne rejoigne la campagne, il était acquis que le duel de 2017 se répéterait en 2022 : Macron contre Le Pen. Tout a changé en quelques semaines. Avec ses éclats de rhétorique, son érudition de pilier du barreau et ses émeutes contre les musulmans et les étrangers qui l’ont conduit à de nombreuses reprises devant les tribunaux, l’animateur de talk-show a déstabilisé le leader du RN. “Et ça renverse les prévisions”, rappelle le quotidien. Pourtant, “comme c’est souvent le cas au cours de sa carrière, Marin Le Pen a été licencié prématurément”, ajoute El Pais, qui revient alors dans l’entreprise pour “diaboliser” le candidat. Puis, comme de nombreux titres de presse, le journal espagnol explique qu’Eric Zemour a permis à Marin Le Pen “d’apparaître plus modeste, alors que leurs idées sur l’immigration ne sont pas si différentes”.
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Un autre élément important de cette campagne, selon Le Temps, est “l’explosion de la droite française”. Dans un article publié dimanche 3 avril, le journal suisse confirme que “les exactions commises par Eric Zemour ont bel et bien brisé Les Républicains”. La candidate de la droite, Valérie Pécresse, n’a pas réussi à imposer “son mot d’ordre pour l’assainissement dans l’once des finances publiques”.
« Plus grave : la droite populaire et rurale (…) n’a pas rassemblé les forces du président de la région Ile-de-France. “C’est vers Marin Le Pen, en plein désarroi en cette fin de campagne, que cet électorat semble vouloir se tourner”, ajoute le journal suisse, avant de lancer cet avertissement : “Le 10 avril pourrait très bien être (ii) le jour où le cordon sanitaire entre la droite et l’extrême droite est soudainement rompu. Le jour où Eric Zemour, même s’il perd son pari au second tour, aura réussi à imposer son agenda et sa personne. »
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Marie Slavicek