Brice Teinturier est directeur général délégué d’Ipsos, associé du Monde pour l’étude électorale menée avec le Centre de recherche en science politique du Po (Cevipof) et la Fondation Jean Jaurès. Au lendemain du scrutin du 10 avril, premier tour de l’élection présidentielle, elle analyse notamment la dynamique de son vote pour Jean-Luc Mélenchon.
Les sondages donnent, depuis plusieurs semaines maintenant, le taux de participation des six premiers candidats. Pourtant, l’élan de Jean-Luc Mélenchon semble avoir été sous-estimé et Valérie Pécresse a recueilli la moitié des voix attendues. Les sondages se trompent-ils ?
Non, c’est trop dire quand les sondages montrent les deux dans le bon ordre, la bonne différence entre Emmanuel Macron et Marin Le Pen, leur bon niveau et le bon ordre des six premiers candidats. Et, franchement, ce n’était pas évident. Ils ont aussi mesuré la dynamique à l’œuvre, dont celle de Jean-Luc Mélenchon, ainsi que le recul de Valérie Pécresse et Eric Zemmour. Eh bien oui, mille fois oui, l’ampleur de ce vote utile, notamment en faveur de Jean-Luc Mélenchon, n’a pas été actée vendredi au niveau du palier dimanche. Mais la raison est très simple : 42% des électeurs de Yannick Jadot et 38% des électeurs de Fabien Roussel ont déclaré, dans notre dernière vague de sondages, qu’ils pourraient changer d’avis ! Et ils ont été particulièrement hésitants… avec Jean-Luc Mélenchon. Et 32% des électeurs de Valérie Pécresse étaient dans le même cas et hésitaient avec Emmanuel Macron et Marine Le Pen. J’ajoute que dans notre sondage de dimanche, 30 % des électeurs de Mélenchon disent avoir décidé… à la dernière minute ou le jour même. C’est le nombre le plus élevé.
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On avait souligné tout cela, y compris un scénario de rapprochement entre M. Melanson et Mme Le Pen, si le premier parvenait à reprendre un peu Zando, un peu Roussell et un peu les abstentionnistes. Il a réussi à faire ça. Au fond, ce n’est pas que l’histoire a été écrite d’avance et qu’on ne savait pas la lire, mais qu’elle a été écrite en partie sur les deux, trois derniers jours.
Est-il plus difficile d’évaluer l’électorat de Mélenchon que les autres ? Existe-t-il un « vote secret » Mélenchon ?
Je ne crois pas du tout qu’il s’agisse d’un scrutin secret, car il y a eu, on l’a vu, un scrutin secret pour Eric Zemmour. Il faut arrêter avec ça. L’électorat de Jean-Luc Mélenchon est sa circonscription de 2017 qu’il a su mobiliser progressivement et dans laquelle il a réuni la quasi-totalité de la circonscription socialiste et écologiste, notamment celle des grandes villes. Il ne vous reste plus qu’à lire 52,25% de cet article. Ce qui suit est réservé aux abonnés.