La croissance française devrait ralentir plus que prévu au premier trimestre 2022, à 0,25 %, la guerre en Ukraine affectant déjà significativement plusieurs secteurs industriels, a estimé mardi la Banque de France. La Banque centrale française a abaissé sa précédente prévision de croissance à 0,5 % alors que l’INSEE tablait encore mi-mars sur une croissance du PIB de 0,3 % au premier trimestre. “Après avoir retrouvé des niveaux d’avant-crise au troisième trimestre 2021, plus tôt que la moyenne européenne, le PIB (produit intérieur brut) devrait continuer de croître” au premier trimestre 2022, mais de manière “plus modeste”, en raison de l’environnement international », estime la Banque de France dans son étude mensuelle de conjoncture. Au dernier trimestre 2021, le PIB a augmenté de 0,7 %. Ce ralentissement de l’économie française semble confirmer que la croissance au cours de l’année sera bien inférieure aux 4% initialement prévus par le gouvernement et le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a déjà indiqué que le gouvernement réviserait ses prévisions prochainement. Mi-mars, l’Insee annonçait une baisse de la consommation des ménages de 0,5% au premier trimestre, alors que leur pouvoir d’achat aurait baissé de 1,4% du fait de l’inflation. C’est un sujet de préoccupation pour le développement de la France, dont la consommation est traditionnellement le principal levier. “Le mois de mars a été marqué par la guerre en Ukraine, dont les premières conséquences se font sentir sur l’économie française. De plus, face à la résurgence de l’épidémie de Covid-19, la Chine a réinstauré des mesures restrictives dans certaines zones, ce qui a pu aggraver les difficultés d’approvisionnement”, a déclaré la Banque centrale française après avoir demandé à plus de 8.000 entreprises d’enquêter. – “Route glissante” – “Le choc est beaucoup moins brutal que le choc du Covid il y a deux ans, mais il pourrait durer plus longtemps et affecter notre croissance et notre emploi”, a prévenu le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau dans un entretien au journal d’Ebra. groupe (L’Est Républicain, Dernières nouvelles d’Alsace, Le Dauphiné Libéré, etc.). “Sans aucun doute, nous devrons traverser des périodes économiques plus difficiles. L’économie française évolue dans une direction qui est devenue plus glissante”, a-t-il ajouté. Si l’activité a continué de progresser au premier trimestre, c’est surtout dans le secteur des services, notamment dans le secteur de l’hôtellerie-restauration, qui se relève progressivement de la fin des contraintes sanitaires liées à l’épidémie. En revanche, dans l’industrie, la situation est plus mitigée. En février, la production industrielle française avait pris les observateurs en baisse de 0,9%, selon les données de l’INSEE, et la situation se serait encore aggravée en mars. Dans l’industrie automobile, dont les chaînes d’approvisionnement sont durement touchées par le conflit en Ukraine, 89% des entreprises interrogées par la Banque de France déclarent désormais faire face à des difficultés d’approvisionnement, soit 10 points de plus qu’en février. Autre conséquence de la guerre, les entreprises agroalimentaires sont également confrontées à des problèmes d’approvisionnement, le pays étant un important fournisseur, notamment d’huile et de tourteaux de tournesol. Ils sont désormais 59% à signaler des difficultés, contre 45% en février (+14 points), souligne la Banque de France. Pour le mois d’avril, la banque centrale pointe une situation de “forte incertitude”, notamment dans l’industrie, même si les entreprises s’attendent toujours à une légère hausse de leur activité. Les services resteront bien orientés, tandis que les entreprises du BTP prévoient une “très petite baisse” de leur activité. Outre les perturbations de la chaîne d’approvisionnement, l’inflation est une source de préoccupation. Il a bondi à 4,5 % en mars, son plus haut niveau depuis les années 1980, dopé par la hausse des prix de l’énergie.