La France a décidé samedi 9 avril de confisquer un tableau de la collection de Morozov appartenant à un oligarque russe et prêté à la Fondation Louis Vuitton pour l’exposition “Icônes de l’art moderne”, qui s’est tenue à Paris du 22 septembre 2021 jusqu’en avril. 3, 2022. La saisie d’une autre toile est également à l’étude. Le reste de la collection, qui se compose d’environ 200 œuvres de Gauguin, Renoir, Matisse, Bonnard ou Van Gogh, n’est pas touché et devra être rapatrié en Russie dans les prochains jours. L’un des tableaux confisqués est un autoportrait réalisé en 1910 par le peintre Piotr Konchalovski (1876-1956), considéré comme le “Cézanne russe” – et d’ailleurs le grand-père des réalisateurs Andrei Konchalovski et Nikita Mikhalkov. Le tableau appartient à Petr Aven, un célèbre oligarque proche de Vladimir Poutine. Avant le déclenchement de la guerre en Ukraine, cet ancien conseiller de Boris Eltsine dirigeait Alfa Bank, la plus grande banque commerciale de Russie. Selon Bercy, il s’agit de la troisième saisie d’une œuvre d’art en France depuis le début du conflit. Lire aussi Article pour nos abonnés Reportage Morozov à la Fondation Vuitton : un excellent état des lieux
Le deuxième tableau menacé de saisie est un portrait de Timofeï Morozov peint en 1891 par le peintre Valentin Serov (1865-1911), ancien élève d’Ilya Repine et l’un des grands portraitistes russes. La toile a été empruntée à l’Avant-Garde Museum of Art de Moscou, créé en 2001 par l’homme d’affaires russe Moshe Kantor, premier actionnaire de la société d’engrais Acron, et également proche de Vladimir Poutine.

“Pas d’ambiguïté”

“La situation particulière d’un projet d’établissement privé, lié à un oligarque qui vient d’être ajouté à la liste des personnalités visées par les mesures de gel, est en cours d’examen par les services de l’Etat”, explique-t-on au ministère de la Culture. En attendant la décision du gouvernement, le tableau de Valentin Serov restera en France. Un autre autoportrait de Piotr Konchalovski, réalisé en 1910 et appartenant à la Fondation culturelle Ekaterina à Moscou, également menacée de confiscation, pourrait enfin retourner en Russie. Les autorités estiment que les activités de l’homme d’affaires Vladimir Semenikhin, propriétaire de la Fondation Ekaterina avec sa femme, ne relèvent pas du régime des sanctions. M. Semenikhin est propriétaire de Stroyteks, l’une des plus grandes entreprises de construction de la capitale russe. Lire aussi la chronique : Article pour nos abonnés “La guerre en Ukraine fait pleuvoir l’euphorie du rapport Morozov”
Le reste de la collection, dont le sort fait l’objet de spéculations depuis le début de la guerre en Ukraine, ne sera finalement pas préoccupant. La raison ? Les projets appartiennent à l’État russe et non à des particuliers. La collection Morozov a été nationalisée en 1918 et est aujourd’hui distribuée dans les principaux musées d’État du pays, comme le musée Pouchkine et la galerie Tretiakov à Moscou, ou le musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg. “La France veut rendre la collecte, il n’y a pas d’ambiguïté. “Ce sont des projets du patrimoine russe et il est normal qu’ils reviennent en Russie”, a déclaré Roselyne Bachelot, accompagnée du ministre de la Culture. Il ne vous reste plus qu’à lire 29,72% de cet article. Ce qui suit est réservé aux abonnés.