Il est très rare de voir l’actualité politique française faire la une d’une newsletter spécialisée dans les questions de sécurité nationale sur le site d’information américain Politico. Selon trois sources haut placées du gouvernement Biden interrogées par ce média, une éventuelle victoire de Marin Le Pen de Poutine pourrait déstabiliser la coalition occidentale contre Moscou. “Cela pourrait mettre fin au rôle de la France en tant que puissance européenne et motiver certains dirigeants de l’Otan à hésiter dans leur choix de rester dans l’Alliance”, a écrit Jonathan Lemire, chef de cabinet de la Maison Blanche chez Politico. Selon des sources qui lui sont confiées, une victoire du candidat d’extrême droite aurait pour effet de « rompre le fragile équilibre » construit par Emanuel Macron entre la relation qu’il a construite avec Vladimir Poutine et la solidarité de la France avec l’Ukraine. L’éditeur international du site, Ryan Heath, ajoute qu’il se souvient très bien de l’année 2016, lorsqu’il a tenté de convaincre ses interlocuteurs que le combat Trump-Clinton était plus proche que prévu. mais que Clinton et l’anti-Brexit finiraient par l’emporter. “Ne faites pas la même erreur cette fois-ci”, a-t-il écrit samedi. Lire aussi – Présidentielle : comment Macron et Le Pen préparent le duel Ce miroir du choc politique de 2016 avec l’élection présidentielle en France ce dimanche n’est pas exclusivement américain. Au Royaume-Uni, le quotidien conservateur Daily Telegraph, qui avait clairement pris position en faveur du Brexit, a prédit “l’effondrement” du camp républicain. “Macron est détesté par des millions d’électeurs de gauche. Ceux-ci ne suivront pas ses appels à voter pour qu’il se dresse contre Lepen, écrit un de ses chroniqueurs. “Et quand la poussière sera retombée, la France pourrait très bien avoir son premier président”, a-t-il dit, comme s’il attendait avec impatience.
“Un cauchemar”
En Allemagne, en revanche, la crainte est répandue que Macron ne soit pas réélu. “La France décidera aussi de l’avenir de l’Europe et il vaut mieux s’y intéresser de près”, lit-on dans la signature de Matthias Krupa, correspondant parisien de l’hebdomadaire de centre gauche Die Zeit. Selon lui, une victoire de Marin Lepen aurait des conséquences “significatives”, avec l’affaiblissement de la partie orientale de l’Otan et l’unité occidentale affichée face à l’Ukraine. “Ce serait une bonne nouvelle pour Vladimir Poutine”, a-t-il déclaré. Cette analyse est partagée par l’ancien ambassadeur tchèque en France Petr Janyska. Dans les colonnes de Deník N, le journal le plus lu en République tchèque, il note qu’Emmanuel Macron est devenu en cinq ans “une personnalité politique importante en Europe, surtout aujourd’hui, alors que le nouveau chancelier allemand, Olaf Scholz, n’a pas encore s’est imposé sur la scène politique”. Pour lui, “la perspective de voir Macron perdre face à Marin Le Pen, candidat europhobe et incompétent dans l’arène européenne, est un cauchemar”. “ La perspective de voir Macron perdre face à Marin Le Pen, candidat europhobe et incompétent dans l’arène européenne, est un cauchemar. “ Dans un sondage réalisé le mois dernier dans douze pays de l’UE à la demande du Conseil européen des relations extérieures (ECFR), 43% des Européens sondés (contre 32%) sont en désaccord avec la France dans la défense des intérêts européens dans son domaine de la défense. et la sécurité. Parmi les pays qui ont servi de terrain d’étude figurait la Grèce, où l’on se souvient du rôle joué par le dirigeant français sortant face à la Turquie du président Erdogan lorsque celle-ci affichait un comportement hégémonique en Méditerranée orientale. L’auteur de la prestigieuse édition anglophone de I Kathimeriní, ancien correspondant à Washington, rappelle que c’est la France de Macron qui a facilité la création d’un “front européen uni” pour répondre à la menace. “En ces temps géopolitiques et économiques difficiles, ce serait une erreur de sous-estimer la valeur de relations fortes et durables avec le pays qui possède la première puissance militaire et la deuxième puissance économique du continent”, écrit Tom Ellis. Le fait qu’un ami de la Grèce soit presque assuré de rester à la tête de ce pays de renommée mondiale est un autre avantage bienvenu. Tout est dans “presque”.