Posté à 17h00

Mais une majorité du cabinet a décidé. Le projet controversé, mené par la société norvégienne Equinor, qui permettra d’extraire jusqu’à 1 milliard de barils de pétrole sur une période de 30 ans grâce à la construction d’une plateforme flottante dans l’océan Atlantique, ira jusqu’ici. . La ministre des Finances et vice-première ministre Chrystia Freeland a fermement appuyé le projet, tout comme le secrétaire au Travail Seamus O’Regan, la principale voix de Terre-Neuve-et-Labrador à la table du cabinet. Il en va de même pour le ministre des Affaires intergouvernementales, Dominic LeBlanc, qui a l’oreille de Justin Trudeau. La guerre en Ukraine a une fois de plus mis en avant l’importance de la sécurité énergétique, tandis que le projet pétrolier va redonner une impulsion économique à une province au bord de la faillite. De plus, les libéraux détiennent six des sept sièges à Terre-Neuve-et-Labrador. Résultat : la solidarité ministérielle oblige M. Guilbeault et les autres ministres québécois à faire des compromis. La realpolitik canadienne a appliqué sa loi. D’autres options ont été envisagées, dont celle qui verrait le gouvernement fédéral verser plus de 3 milliards de dollars de compensation à Terre-Neuve-et-Labrador, ce qui équivaut aux revenus attendus de la province dans l’exploration pétrolière. Selon des informations reçues par La Presse, deux ministres, Dominic LeBlanc et le ministre des Ressources naturelles, Jonathan Wilkinson, sont allés rencontrer le premier ministre de la Nouvelle Terre et du Labrador, Andrew Furey, l’hiver dernier à St. qui a finalement été écarté. L’échéancier pour donner le feu vert à ce projet est particulièrement troublant pour le ministre Guilbeault, qui a eu la lourde tâche de rendre une décision au nom du gouvernement Trudeau. La maladie est apparue lors d’une série d’interviews accordées par l’ancien militant écologiste à divers réseaux médiatiques. La décision intervient une semaine après le dévoilement d’un nouveau plan fédéral pour le changement climatique, qui coûtera 9 milliards de dollars au Trésor fédéral. Le plan vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40 % par rapport aux niveaux de 2005 d’ici 2030. Ottawa entend y parvenir, notamment en imposant un plafond d’émissions à l’industrie pétrolière et gazière. La décision intervient également deux jours après la publication du dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), qui appelle le monde à redoubler d’efforts pour réduire les émissions de gaz à effet de serre afin d’éviter une catastrophe climatique. Dans son rapport, le GIEC estime que les émissions mondiales de GES doivent cesser d’augmenter au plus tard en 2025. Elles doivent ensuite être divisées par deux d’ici 2030, par rapport à leur niveau actuel, pour que le réchauffement climatique se poursuive et ne dépasse pas 1,5°C. La décision est intervenue près de quatre ans après que le gouvernement de Trinto a annoncé qu’il achetait le pipeline Trans Mountain à la société américaine Kinder Morgan pour 4,5 milliards de dollars afin d’étendre et de tripler sa capacité. En février, on apprenait que le coût d’extension de ce pipeline avait grimpé en flèche de près de 70 % depuis son acquisition, passant de 12,6 milliards de dollars à 21,4 milliards de dollars. Cela a incité la secrétaire Chrystia Freeland à annoncer que Trans Mountain Corporation, la société d’État propriétaire du pipeline, ne pourrait plus compter sur l’argent des contribuables pour financer le projet et devrait obtenir un financement de tiers pour achever le projet, soit par l’intermédiaire de banques ou via les marchés de la dette publique.

Il a été condamné par ses anciens alliés

Activiste écologiste de longue date avant d’entrer en politique en 2019, M. Guilbeault a apparemment été contraint de prendre la décision la plus déchirante depuis son arrivée au ministère de l’Environnement il y a six mois. Dans les vagues de RDI, le ministre a admis que cette décision était “très difficile” à prendre. « Il faut connaître la réalité : nous continuerons à consommer du pétrole pendant de nombreuses décennies, même jusqu’en 2050. […] Voulons-nous consommer un pétrole qui émet 10 fois plus de gaz à effet de serre par baril que la Baie du Nord ? C’est le cas des sables bitumineux. » Je ne dis pas que c’est un projet vert. Mais nous devons gouverner pour toute la population. C’est ce que nous cherchons à faire. Steven Guilbeault, ministre de l’Environnement et du Changement climatique Ses anciens alliés ont vivement condamné sa décision. Lundi dernier, le secrétaire général de l’ONU a déclaré qu’investir dans de nouvelles infrastructures de combustibles fossiles était “immoral et financièrement insensé”. “La seule option vraiment viable est d’éliminer les combustibles fossiles le plus rapidement possible, en soutenant les communautés, les régions et les travailleurs pendant la transition”, a déclaré Patrick Bonin, responsable de la campagne climat-énergie chez Greenpeace Canada. Le Nouveau Parti démocratique, qui vient de conclure une entente parlementaire qui permettra au gouvernement libéral minoritaire de survivre dans les quatre prochains budgets d’ici 2025, s’est aussi arraché les ongles. “Les libéraux approuvent le nouveau projet de combustibles fossiles et continuent de distribuer des milliards aux compagnies pétrolières et gazières. Cela montre exactement ce que ce gouvernement est à blâmer. “Ils écoutent leurs amis sur le pétrole et le gaz au lieu d’écouter les climatologues”, a déclaré la députée néo-démocrate Laurel Collins. Le Bloc québécois s’est rendu aux barrages routiers mercredi. “L’approbation de la Baie du Nord est une catastrophe annoncée à l’échelle mondiale”, a déclaré le chef de file du bloc, Yves-François Blanche. Dans les rangs des libéraux au Québec, on se souvient encore aujourd’hui des dures attaques dont ils ont fait l’objet lors de la campagne fédérale de 2019 suite à la décision du gouvernement d’acheter le pipeline Trans Mountain. Dès mercredi soir, ils craignent les flèches acérées qui viendront inévitablement dans la prochaine bataille électorale après cette décision.