Suivez en direct l’évolution des incendies en France Avant que 6 500 hectares de pinède ne brûlent au pied de la dune du Pilat, des fumées ont peu à peu gagné autour du domicile du couple jeudi dernier. “C’était comme la nuit en plein jour”, dit Juan. Les yeux brûlés, la gorge asséchée dans l’air difficile à respirer. Ensuite, les cendres ont envahi leur jardin. Alors la police a frappé à leur porte à 16h30 pour les forcer à évacuer, ainsi que les 4 000 habitants de la ville. Juan et Carine, habitants de la ville de Cazaux (Gironde) dorment depuis quatre nuits dans le parc des expositions mis à disposition. Le 19 juillet à La Teste-De-Buch (Gironde). (ÉLOISE BARTOLI / FRANCEINFO) Pendant quatre nuits, le couple dort au parc des expositions de La Teste-de-Buch, comme une centaine d’autres évacués. Dans cette chambre modeste aux murs blancs, située dans une zone commerciale, sont isolés les personnes âgées, les touristes de passage et les familles sans autre logement. Tous sont soutenus, au quotidien, par des bonnes volontés, des membres du club et des employés de la mairie, qui sont parfois contraints de quitter leur domicile. Parmi eux figure Christine, médecin de profession. Avec d’autres professionnels, il assure des consultations bénévoles au parc des expositions. Il vérifie quotidiennement l’état de santé des nouveaux arrivants. “La chaleur accentue la toxicité des fumées, cela peut entraîner des difficultés respiratoires, notamment pour les plus fragiles, qui peuvent être compensées”, explique-t-il. “Au début, c’était comme Woodstock avec les tentes ouvertes à l’entrée”, sourit Juan, grand fan de rock’n’roll. Le quotidien du couple est désormais rythmé par des repas organisés bénévolement au réfectoire du collège Henri Dheurle de La Teste-de-Buch, et des appels en famille en Bretagne deux à trois fois par jour. Et puis il y a les rondes faites matin et soir, au frais, pour tenter de retrouver Nirvana, leur chat qui a disparu à l’arrivée au campement non climatisé alors que la température extérieure dépassait les 40 degrés. L’animal, qui est resté un certain temps seul dans la maison évacuée, a été retrouvé samedi par son propriétaire lors d’un cortège extraordinaire organisé par la préfecture. Avant d’échapper une seconde fois à ses propriétaires. “J’avais tellement peur pour mon chat avec le feu. Et finalement, on l’a perdu ici…”, dans un centre d’exposition où il y a beaucoup d’animaux stressés. En attendant le supposé retour de Nirvana, le couple tue le temps au fond de la salle avec une autre famille, qui s’est rencontrée sur place. Stéphane et sa compagne Pamela, originaires de l’Eure, étaient de passage dans le quartier avec leurs trois enfants lorsqu’il a été englouti par les flammes. A Cazaux, village de la commune de La Teste-de-Buch, ils ont rendu visite à leurs proches, avec leur chien Poussin. La maison de la famille a également été évacuée jeudi dernier, avant qu’ils ne rejoignent le camp de fortune. Sur le parking du parc des expositions, les évacués regardent, inquiets, Canadair intervient. Le 19 juillet à La Teste-de-Buch (Gironde). (ÉLOISE BARTOLI / FRANCEINFO) “Nous avons attendu la dernière minute avant de partir car nous avions besoin d’une ambulance pour sortir de la maison. Ma tante est handicapée”, raconte le père. Lorsqu’il a été transféré à l’hôpital de Bordeaux, ce dernier a de nouveau été évacué dans la nuit de lundi à mardi de l’Ehpad du Pyla, menacé par l’incendie, où il s’était pourtant réfugié le week-end dernier. Depuis, c’est le silence radio. Stefanos ne sait pas où est sa tante. “On essaie de rester cool, être à l’écart ne servirait à rien”, apaise-t-il sa femme Pamela en tirant vigoureusement sur sa e-cigarette. Amandine, leur fille aînée de 17 ans, admet volontiers que la situation est moralement lourde. “Parfois, j’ai des crises d’angoisse”, raconte l’adolescent. Nul doute cependant qu’ils rentreront chez eux dans l’Eure. « Je veux aider ma famille et revoir le village de mon enfance, souffle Stéphane d’une voix crépitante. Je viens ici depuis que je suis bébé. Ma fille de 17 ans a toujours connu Cazaux, c’est chez moi. .” “La chose la plus difficile à vivre, c’est l’incertitude”, dit Carine, qui se tient aux côtés de ses amis dans l’infortune. Elle espère rentrer chez elle “peut-être la semaine prochaine”, sans grande certitude, alors que Canadair opère toujours dans l’industrie.