Pendant plusieurs jours, son nom circulait avec insistance pour occuper l’un des postes les plus sensibles de la République. Laurent Nuñez sera nommé ce mercredi préfet de police de Paris en Cabinet. Coordonnateur national du renseignement et de la lutte contre le terrorisme, le projet “Force Elysée” piloté directement par Emmanuel Macron, ce grand fonctionnaire arrive en remplacement du préfet Didier Lalemin, fragilisé par le fiasco du Stade de France et appelé au départ à la retraite. Agé de 58 ans, Laurent Nuñez, qui fut également directeur général de la sécurité intérieure (DGSI), puis secrétaire d’État à la sécurité intérieure, est connu pour sa très bonne connaissance du fonctionnement des forces de l’ordre. Avec son profil de technicien, très travailleur, ce préfet qui a gagné la confiance d’Emmanuel Macron va devoir serrer les boulons alors que la préfecture de police vient de traverser une période de turbulences, caractérisée principalement par la crise des “gilets jaunes”. À VOIR AUSSI – Épisodes au Stade de France : “Le préfet Lallement a sa part de responsabilité”, estime le Sénat
Une institution qui sait de l’intérieur
Pour commencer, Laurent Nuñez n’est pas issu du monde de la police. Né en 1964, ce grand passionné de football, licencié en droit public et administration territoriale, a d’abord été fonctionnaire des impôts avant de rejoindre l’ENA en 1997 (promotion Cyrano de Bergerac). Il gravit rapidement les échelons de la préfecture, alterne des périodes en régions (secrétaire général de la préfecture de la Haute-Saône, sous-préfet de Bayonne) et revient à l’administration centrale du ministère de l’Intérieur (spécialiste des finances des collectivités locales, il était aussi chef du bureau de gestion du corps préfectoral). Il a également été chef de cabinet dans deux préfectures sensibles : celle de Saint-Denis de 2008-2010 et à la préfecture de police de Paris de 2012 à 2015. Nommé préfet de police des Bouches-du-Rhône au printemps 2015, un poste exposé et prétendument difficile, Laurent Nuñez est donc très calé en matière de sécurité. A ce titre, son bilan marseillais contre le trafic de drogue et les règlements de comptes entre “narcos” marseillais a sans doute joué en sa faveur. Occupant le poste convoité de préfet de police, sur l’île de la cité, Laurent Nuñez va retourner dans une institution qu’il connaît sur le bout des doigts. Lire aussi Laurent Nuñez : “Il n’y a pas de Big Brother français…” Lors de l’attentat de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015, il était directeur de cabinet du préfet de police de Paris Bernard Boucault. C’est dans cette position stratégique qu’il opéra ce jour fatidique et la chasse qui suivit jusqu’à la neutralisation des frères Kwachi. “Commencent alors quatre interminables journées où il faut conduire de nombreux fronts, rapidement mais de manière très professionnelle, confie-t-il au Figaro. Quatre jours où il n’y a plus de guerres de chapelle. Juste des hommes et des femmes qui veulent défier le temps et lutter contre le mal ultime.” Humain et proche du terrain, il devrait incarner une nouvelle ère, tant attendue, à l’intérieur de la préfecture de police. À VOIR AUSSI – Le préfet de police de Paris, Didier Lalemaine, démissionne