Le conseil régional de Bretagne a voté, vendredi 8 avril, sans précédent, exhortant l’Etat à ouvrir des “discussions” en vue d’une autonomie législative, réglementaire et fiscale de la région. Lire aussi « L’autonomie de la Corse ? Ce serait l’ouverture de la boîte de Pandore ! “On connaît le caractère un peu sulfureux du concept d’autonomie dans la grammaire politique française”, a admis Aziliz Gouez, présentant le texte pour le groupe séparatiste Breizh a-gleiz. “La Bretagne est prête, mature pour s’engager sur cette voie de l’autonomie législative, réglementaire et budgétaire”, a-t-il déclaré. Tous les groupes politiques se sont prononcés en faveur de cette autonomie, à l’exception de la Coalition nationale. Le député LR et conseiller régional Marc Le Fur a souligné qu’il existait déjà en Alsace “un autre droit du travail plus protecteur des travailleurs, un autre plus protecteur de la sécurité sociale”. « Il y a des lois spécifiques en France (…) Cela nous ouvre des perspectives », a-t-il souligné. “Si nous allons dans cette direction, nous finirons par rendre un grand service à l’Etat lui-même”, qui est “à la fois omnipotent et impuissant”, a ajouté Marc Le Fur, évoquant “l’échec d’un Etat dispersé”.
Fatigue démocratique
Le vice-président régional Michaël Quernez a dit “oui à ce supplément d’âme qu’est l’autonomie” pour le groupe majoritaire (Alliance Progressiste des Socialistes et Démocrates). “Ce texte donne de la force à la Grande-Bretagne”, a ajouté Loïg Chesnais-Girard, président du PS régional, qui a estimé qu’il était “nécessaire de trouver une réponse à cette fatigue démocratique”. “La possibilité que nous offrons à l’État est d’assumer nos responsabilités et de rendre des comptes à nos concitoyens”, a-t-il déclaré. Dans cette volonté, la Grande-Bretagne appelle le prochain gouvernement et parlement à “engager des discussions sur la définition d’un éventuel modèle d’autonomie pour la Grande-Bretagne, incluant un partage du pouvoir législatif et réglementaire” mais aussi sur “la redéfinition des relations budgétaires entre la Région et l’Etat, avec l’objectif d’assurer un panier de ressources fiscales important dans la région avec le pouvoir de graduer et de définir l’assiette fiscale.” Lire aussi Le Front de Libération de la Bretagne menace de reproduire les violences corses Les régions “ont une capacité budgétaire très limitée” et “n’ont pas de pouvoir réglementaire dans leurs domaines de compétence”, note le texte. “Très souvent, ils se limitent à demander à l’Etat d’agir pour résoudre des problèmes qui pourraient relever de leur responsabilité”, a-t-il ajouté, ajoutant que la situation avait provoqué “des retards, des tensions, des incompréhensions”. Le texte appelle également à une concertation sur la réunification de la Bretagne à cinq départements (dont la Loire-Atlantique). Le vote favorable à ce vœu intervient alors que le gouvernement s’est engagé à ouvrir un processus de discussion en Corse pour un éventuel statut d’autonomie de l’île. VOIR AUSSI – Bretagne : Des militants jettent 1 500 tonnes de blé sur une voie ferrée