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Son président, Erwan Punelle, rappelle comment “il a fallu un peu de folie, de courage et de détermination” pour faire sortir cette usine de terre d’un des berceaux du textile en France dévastés par les années de délocalisation. Et surtout, de confectionner ce pantalon, sur toile de coton et polyester recyclé, tissé en Turquie, pour atteindre un prix de vente de 40 à 60 euros en magasin. Le premier jean fabriqué à Neuville-en-Ferrain sera livré fin avril à la marque Jules qui, avec Celio, revendique la première place des vendeurs de mode masculine en France. Baptisé “Cinq Neuf”, il sera vendu au prix de 59,59 euros.
Modèle « éthique »
Rencontrera-t-il son public ? Le marché français du jean est dominé par deux acteurs : l’américain Levi’s, la première marque aux cinq poches, et Kiabi, le premier circuit de vente de jeans, qui, avec un prix minimum autour de 10 euros, a conquis près de 9 % du volume en France. . Grâce à une production essentiellement en Asie, “le prix moyen d’un jean pour homme est de 32,20 euros”, ajoute Hélène Janicaud, responsable des études chez Kantar pour le marché de l’habillement.
Malgré l’importance des prix bas, les dirigeants de Jules estiment que le client français est désormais prêt à dépenser plus pour réduire son empreinte environnementale grâce à “une construction française et de meilleure qualité”. Pimkie devrait suivre en fin d’année.
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Les marques 1083 et Atelier Tuffery ont ouvert la voie à ces jeans made in France, avec des modèles vendus à plus de 100 euros. Selon Kantar, 16 % des acheteurs ont choisi un modèle dit « éthique », c’est-à-dire issu du coton biologique en 2019. « En deux ans, le nombre de consommateurs pour ces modèles a été multiplié par trois », précise-t-elle. Janicaud.
Dès lors, le pari de Jules serait moins dangereux qu’il n’y paraît. D’autant que la marque aux 450 magasins vend déjà des modèles à 49 euros. Les clients “seront prêts à payer 10 euros de plus pour un jean fabriqué en France”, précise Erika Joffrin-Cadix, directrice de l’approvisionnement au sein de la marque. “Cela prendra du temps. C’est tout un défi pédagogique pour faire comprendre l’intérêt du shopping made in France”, reconnaît Jean-Christophe Garbino, PDG de FashionCube.
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