Gérald Darmanin, ministre de l’intérieur et des outre-mer, a donné, jeudi 21 juillet, le coup d’envoi d’un cycle de huit réunions sur l’avenir, y compris institutionnel, de la Corse, avec une délégation de 20 élus de l’île venus à Paris. Cette première réunion du comité stratégique sur l’avenir de la Corse, mis en place après le meurtre en prison du militant indépendantiste corse et assassin du préfet Erignac Yvan Colonna, a fixé un calendrier et un programme de travail. « Nous avons convenu de nous revoir toute une journée, toutes les six semaines » pour un « cycle de concertations d’une année », a déclaré à la presse le ministre à l’issue des discussions. « Les bases de ce travail commun et de ce processus à vocation historique sont aujourd’hui clairement posées, la suite reste à écrire. Il y a une volonté ferme d’être au rendez-vous de l’histoire, de réussir ce processus et de construire une solution politique globale », a commenté, pour sa part, le président du conseil exécutif de Corse, Gilles Simeoni.
La question de l’autonomie discutable
M. Darmanin a fait valoir qu’il n’y aurait « aucun tabou » lors de ces consultations, y compris sur une évolution institutionnelle vers un statut d’autonomie, comme il s’y était engagé en mars dernier, lors de sa venue dans l’île.
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La question d’une « autonomie pleine et entière, une véritable autonomie, sera intégrée pleinement dans le champ de la discussion », a souligné M. Simeoni. Le ministre de l’intérieur a toutefois insisté sur deux lignes rouges, à savoir que « la Corse reste dans la République » et qu’il « n’y ait pas deux types de citoyens » sur l’île de Beauté. Il a, par ailleurs, expliqué que pour chaque thème de réunion serait « posée la question institutionnelle ».
M. Simeoni, lui, estime que « la question institutionnelle ne peut être distinguée des questions économiques, sociales et culturelles. Les statuts d’autonomie que nous appelons de nos vœux sont, à notre avis, la réponse la plus efficace au plan institutionnel pour traiter l’ensemble des problématiques corses ».
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Première réunion en septembre
La prochaine réunion aura lieu « le 16 septembre » et sera consacrée au « modèle économique et social » de l’île et la façon de « diversifier l’économie corse ». La deuxième sera consacrée à la « spéculation financière, l’urbanisme et le logement » et la troisième, prévue « avant la fin 2022 », à « la langue et la culture corses », a précisé le ministre de l’intérieur.
Pour chaque thème, il est prévu de lister les différents statuts en vigueur dans les pays voisins et d’évoquer les éventuelles « évolutions » à apporter au statut de la Corse. Gérald Darmanin a fait valoir qu’il y avait eu une « convergence sur cet agenda et ces thèmes » mais concédé des « divergences » parmi les élus.
Interrogé sur l’autonomie, le ministre a mis en garde les élus. « Il faut, a-t-il dit, bien peser le pour et le contre, soupeser les conséquences de cette autonomie, (…) car cela veut dire aussi générer des responsabilités difficiles comme la sécurité sociale, l’assurance-chômage ». « Est-ce que les Corses le veulent ? », a-t-il lancé.
Concernant la menace du Front de libération nationale corse (FLNC) de reprendre les actions armées, le ministre a répondu : « Je ne vais pas répondre aux provocations. S’il y avait des actes violents, ils seraient réprimés. »
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Le Monde avec AFP