L’homme soupçonné d’avoir tiré dans le métro new-yorkais à l’heure de pointe mardi matin, faisant 29 blessés dont 10 par balles, a été arrêté mercredi et sera poursuivi pour «attaque terroriste», ont annoncé les autorités. Le suspect, qui avait semé le chaos la veille dans le réseau souterrain, a été interpellé à Manhattan à 13h42 grâce à un signalement, selon la police new-yorkaise. Frank Robert James had nowhere else to run or hide — and is now in NYPD custody. The work of our detectives is second to none and the dedication of our patrol officers is never ending. pic.twitter.com/uOXliUvoJ7 — Commissioner Sewell (@NYPDPC) April 13, 2022 «Nous l’avons eu», s’est félicité lors d’une conférence de presse le maire démocrate de New York, Eric Adams, attendu au tournant sur le thème de la lutte contre la criminalité, lui qui en avait fait un thème de campagne pour être élu l’an dernier. La police menait depuis plus de 24 heures une chasse à l’homme visant Frank James, un Afro-Américain de 62 ans accusé d’avoir tiré à de nombreuses reprises dans un train de la ligne N, au niveau de la station «36th street», dans le sud de Brooklyn. L’homme, connu de la police, avait déjà été arrêté à 12 reprises à New York et dans le New Jersey, notamment pour des «infractions sexuelles», un «vol» ou un «trouble à l’ordre public», ont précisé les autorités. Mais il n’avait jamais été condamné pour un crime dans l’État de New York. Il est désormais «sous le coup de poursuites fédérales pour son acte, une attaque terroriste dans les transports en commun», a annoncé l’agent de la police fédérale Michael Driscoll. «Il comparaîtra devant un tribunal fédéral de Brooklyn et, en cas de condamnation, encourra une peine de prison à perpétuité», a déclaré le procureur Breon Peace. Frank James avait une page YouTube, baptisée «prophetoftruth88» (prophète de vérité) supprimée mercredi matin pour «violation des règles communautaires» du site. Il y a publié de multiples vidéos où on le voit lancer de longues tirades, parfois décousues et véhémentes, dans lesquelles il évoque les questions raciales, l’insécurité à New York, notamment dans le métro, et s’en prend aux personnes homosexuelles, ou au nouveau maire Eric Adams. Mercredi matin, des millions de New-Yorkais avaient repris le métro, l’un des réseaux les plus grands du monde, pour aller au travail, certains partageant des selfies sur les réseaux sociaux pour montrer que la vie reprenait son cours normal. «Je fais toujours attention à ce qui m’entoure depuis le 11 septembre (2001). Mais il y a eu plus d’incidents sur les quais récemment, donc je fais plus attention», a ajouté Laura Swalm, 49 ans, qui habite l’État voisin du New Jersey. La veille, vers 08h30, à l’heure où les rames de métro sont bondées, l’individu, qui portait un masque à gaz, a allumé deux engins qui ont enfumé le wagon, puis a tiré sur les passagers alors que le train entrait dans la station. «Nous avons vraiment eu de la chance que cela n’ait pas été beaucoup plus grave», a souligné la cheffe de la police de New York, Keechant Sewell, résumant le soulagement des autorités. Le suspect a tiré 33 balles. «Tout ce que vous voyez, c’est de la fumée noire, et je me suis tourné vers la droite, et j’ai vu ce type avec un masque», a témoigné sur CNN l’une des victimes, Hourari Benkada, depuis son lit d’hôpital. «La fusillade a duré environ une minute (…). Je n’ai jamais entendu autant de coups de feu sortir d’une arme de poing… (…) Il avait probablement des chargeurs prolongés ou une autre arme à feu», a ajouté cet homme, touché au niveau du genou. Sur place, les enquêteurs ont retrouvé une arme de poing et trois chargeurs. L’attaque a eu lieu alors que New York a été confrontée à une hausse de la criminalité depuis la pandémie de COVID-19, le nombre d’homicides passant de 319 en 2019 à 488 en 2021, même si le bilan annuel reste bien en deçà des plus de 2000 par an enregistrés au début des années 1990. Les fusillades sont aussi restées en hausse depuis le début de l’année, passant de 260 à 296 au premier trimestre 2022, selon des chiffres de la police, dont certaines ont marqué les esprits, comme la mort vendredi d’une adolescente de 17 ans, tuée par balle à la sortie d’un lycée dans le Bronx.