Les premiers électeurs se sont rendus aux urnes, samedi 9 avril, à l’étranger et à l’étranger pour le premier tour de l’élection présidentielle, alors que le diocèse devra attendre dimanche pour départager parmi les douze candidats un vote qui s’annonce serré.
Grande inconnue de ces onzièmes élections présidentielles au suffrage universel de la Ve République : le taux d’abstention. De nombreux politologues craignent que le record du 21 avril 2002 (28,4%), le plus haut niveau jamais enregistré pour un premier tour d’élections présidentielles, ne soit battu. En 2017, qui n’était déjà pas une bonne moisson, ce pourcentage est passé à 22,2 % en 2017. L’élément nouveau est le pourcentage élevé d’électeurs indécis, qui crée une incertitude « non négligeable » sur le scrutin, selon le politologue Pascal Perrineau.
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Dans l’attente des premiers résultats dimanche à 20 heures, les réunions publiques, la distribution de tracts et la propagande numérique sont interdites. Les sondages ouvriront dimanche à 8 heures du matin en France métropolitaine et aucune interview, sondage ou évaluation ne pourra être publié avant les résultats.
Deux candidats, le candidat d’Europe Ecologie-Les Verts Yannick Jadot et le candidat de La France Insoumise Jean-Luc Mélenchon, se sont rendus samedi à Paris sur le climat et la justice sociale.
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Rémunéré à Shanghai
Pour tenir compte du décalage horaire, certains électeurs étrangers votent samedi. Saint-Pierre-et-Miquelon a pris le ballon à 8 heures (midi à Paris), suivi par la Guyane, la Martinique, la Guadeloupe, Saint-Martin et Saint-Barthélemy. Le Pacifique prend alors le relais, la Polynésie commençant à voter à 20 heures à Paris, Wallis et Futuna et la Nouvelle-Calédonie. En Polynésie, la participation était de 12,34% à midi contre 22,24% à la même heure en 2017, selon les estimations du HCR. Dans l’océan Indien, où le décalage horaire est moindre, La Réunion votera dimanche à 18 heures. de Paris et de Mayotte à 19h Certains Français vivant à l’étranger sont également en tête, mais ceux vivant à Shanghai ne pourront pas voter, car la plus grande ville de Chine est limitée au nom de la stratégie chinoise zéro-zéro Covid. Lire aussi : Cet article est pour nos abonnés Les Français de Shanghai privés de droit de vote à l’élection présidentielle pour cause d’exclusion
“Archivage des discussions”
“Nous avons vécu une campagne étrange qui a rompu avec tout l’imaginaire de la présidentielle”, explique Frédéric Dabi, directeur de l’IFOP. Une campagne « sans précédent » pour de multiples raisons : la guerre en Ukraine qui l’a « assommée », un « faible intérêt » qui tranche avec les précédentes élections et l’absence de « l’habituelle confrontation des travaux » entre les candidats. “On a une sorte d’archivage des débats avec des petits duels”, notamment entre le guerrier d’extrême droite Eric Zemmour (Reconquête !) et, à droite, la candidate Valérie Pécresse (Les Républicains) ou encore entre le révolutionnaire Jean-Luc Luc Melanson et d’autres, issus d’une gauche fragmentée, l’écologiste Yannick Zando, le communiste Fabien Roussell, la socialiste Ann Indalgo ou les trotskystes Philip Putu et Natalie Arto. Le souverain Nicolas Dupont-Aignan et le député béarnais Jean Lassalle ont regretté une campagne sans débat. Lire aussi : Article destiné à nos abonnés dans Présidentielle 2022 : l’étrange campagne
Un front démocratique “érodé”
Pour éviter l’indécision et l’abstention, les candidats se sont multipliés dans la dernière semaine de la campagne : derniers grands meetings, médiatisation, ultimes visites.
Le président sortant, toujours resté en tête des sondages, est entré tardivement en campagne électorale, gêné d’abord par la crise sanitaire puis par l’invasion russe de l’Ukraine. Il s’est concentré sur un seul grand rendez-vous national, le samedi 2 avril à La Défense, mais a dynamisé le week-end avec de nombreuses interviews, faisant même une visite improvisée sur un marché de Neuilly le vendredi 8 avril sur la Seine.
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La candidate du Rassemblement national Marin Le Pen, qui a effectué son dernier déplacement à Odd vendredi, a entamé une trajectoire ascendante après s’être inquiétée de son adversaire d’extrême droite Eric Zemour, conforté à la deuxième place puis progressivement réduit l’écart avec Emmanuel. Macron. Jean-Luc Mélenchon s’est progressivement hissé à la troisième place. Mais les politologues n’excluent pas qu’une surprise puisse renverser ce trépied donné par les sondages.
Avant même la fin du premier tour, plusieurs candidats étaient projetés à la perspective d’un duel Macron-Le Pen au second tour, révélant des fissures dans le “front républicain” face à l’extrême droite. “Le front républicain n’était plus ce qu’il était. “Il s’est érodé d’en haut et d’en bas”, a déclaré à l’AFP Gilles Finchelstein, directeur de la Fondation Jean Jaurès. “C’est le printemps”, mais penser que ce printemps “suffira” est une illusion.
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Le Monde et l’AFP