Alors que la pression montait jeudi 21 juillet sur le gouvernement pour sévir contre les entreprises qui avaient fait de gros bénéfices grâce à l’inflation, certains élus de la majorité réclament désormais aussi une taxe extraordinaire sur les “super bénéfices”, une idée jusqu’ici rejetée par l’exécutif. Plateforme des députés du groupe Renaissance (ex-La République en marche), recours de deux présidents de commission de l’Assemblée nationale, amendement au projet de loi rectificative sur les finances… les élus du camp présidentiel tentent de gagner en “solidarité” des grands groupes. “Nous ferons payer les profiteurs de la crise. Comme je suis opposé aux rentes viagères, je fais en sorte que les entreprises qui profitent de la crise paient davantage”, a déclaré jeudi sur Twitter le président de la commission juridique, Sacha Houlié. Lisez aussi: Article pour nos abonnés Certains électeurs LR sont prêts à envisager une «taxe sur les bénéfices excédentaires»
L’amendement déposé lundi par douze députés Renaissance, à l’initiative de la députée du Maine-et-Loire Stella Dupont, propose ainsi un “prélèvement extraordinaire de solidarité” de 15% sur les bénéfices des “entreprises pétrolières et gazières, maritimes et de matières premières”. , qui “réalisent un chiffre d’affaires de plus d’1 milliard d’euros”. Ils considèrent que ces entreprises “n’ont pas répondu au niveau des besoins” en termes de “solidarité et d’égalité”. Cet amendement émane d’élus majoritaires de gauche, dont trois anciens ministres, signe que le débat s’amplifie dans le camp présidentiel et au-delà. Les députés républicains ont également avancé leurs pions : leur président, Olivier Marleix, a estimé que son parti n’avait “aucune hostilité envers l’État, dans le cadre de la loi, apportant une contribution plus importante aux compagnies pétrolières si nécessaire”. Jusqu’à présent, l’attaque provient principalement de l’alliance de gauche de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) et dans une moindre mesure du Rassemblement national. En vue : principalement des sociétés énergétiques telles que TotalEnergies et le géant du transport maritime CMA CGM, qui profitent de la hausse des prix du pétrole et du gaz et des coûts de transport des conteneurs.

Le gouvernement attend les annonces des entreprises

Cette hausse de l’électorat pourrait-elle conduire à un vote fiscal ? « Nous voulons éviter cette fausse bonne idée. Nous avons besoin de stabilité budgétaire. En revanche, on attend des annonces de ces entreprises et un geste à la pompe. On fait tout pour”, souligne le rapporteur général du budget à l’Assemblée, Jean-René Cazeneuve (Renaissance). Côté exécutif, on freine toujours aux quatre fers. Depuis des semaines, le ministre des Finances Bruno Le Maire défend l’idée des contributions volontaires des entreprises. Celles-ci ont déjà annoncé des actions – baisse des coûts de fret pour CMA CGM et pompage pour TotalEnergies. « Ont-ils besoin d’en faire plus ? Oui, certainement », a déclaré M. Le Maire au Monde mercredi après-midi. “On fera les comptes lors du compte financier 2023” à l’automne, a-t-il prévenu, faisant écho à Emmanuel Macron, qui a promis le 14 juillet une “contribution” des entreprises mais “pas dans la démagogie”. Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Un nouveau rapport de force se dessine à l’Assemblée avec examen de la facture du pouvoir d’achat
Dans une tribune publiée jeudi par Les Echos, une dizaine d’autres députés de la Renaissance, dont David Amiel, ancien conseiller d’Emmanuel Macron à l’Elysée, défendent plutôt la ligne de l’exécutif, demandant “solennellement aux compagnies d’hydrocarbures une nouvelle et urgente stratégie d’aide aux Français », sous peine de « défendre les mesures fiscales qui seraient nécessaires ». Sur franceinfo, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran “espère” des “annonces” d’ici la fin de la semaine avec “quelque chose de visible immédiatement (…) pour les Français”. C’est tout l’argument : affirmer qu’un geste des entreprises aura un impact immédiat sur le pouvoir d’achat, quand plus tard une taxe ira dans les caisses de l’Etat. D’autant qu’un groupe comme TotalEnergies réalise l’essentiel de ses bénéfices à l’international, ce qui réduit l’impact d’une taxe imposée en France. A lire aussi : L’article s’adresse à nos abonnés Transport : “L’enjeu est de mettre en place de nouvelles solutions qui offrent une véritable alternative à la voiture”
Le monde avec l’AFP