Des mots qui ne passent pas. Deux députées issues des rangs du Nupes, Ségolène Amiot (La France insoumise, LFI) et Marie-Charlotte Garin (Europe Ecologie-Les Verts, EELV) ont été interpellées mardi 19 juillet, lors des questions au gouvernement dans l’Hémicycle, l’Elisabeth Borne en la présence de ministres qui « enchaînent les déclarations homophobes et sexistes » dans son gouvernement. Mme Amiot a même appelé à leur retrait du gouvernement, déclarant au Premier ministre : « Je m’attends à ce que vous renvoyiez vos ministres homophobes. » Les deux élus faisaient référence aux déclarations faites, en 2013 et la semaine dernière, par la nouvelle ministre des Collectivités territoriales, Caroline Cayeux, concernant le mariage homosexuel, qu’ils qualifiaient d’”homophobes”. Lire aussi : Actualité politique du 19 juillet : les députés adoptent le premier article du projet de loi sur le pouvoir d’achat sur fond d’intense agression
“Je fais partie de ces gens”
Ségolène Amio a d’abord interpellé le Premier ministre – qui était absent de la Chambre mais représenté par le reste du gouvernement – en affirmant : « Madame la Première ministre, je fais partie de ces personnes. “Une référence à l’expression ‘J’ai beaucoup d’amis parmi ces gens’, prononcée par Mme Cayeux la semaine dernière à LCP, pour caractériser les couples homosexuels et dénoncer le ‘mauvais procès’ d’homophobie auquel ils sont confrontés.
Au cours de cet entretien, la ministre a également confirmé qu’elle “maintenait apparemment” ses propos qu’elle avait tenus en 2013 lors des débats sur le mariage pour tous lorsqu’elle était sénatrice, qualifiant la réforme de “capricieuse” et qui, selon elle, conduirait à “une ouverture irrévérencieuse et insensée des droits”. Il a finalement présenté ses excuses en fin de semaine dernière, sous la pression du public et de plusieurs ministres.
“En deux ans, les agressions LGBTI ont augmenté de 20%” et “le motif de l’homophobie est trop souvent écarté par les forces de l’ordre”, trop peu formées en la matière, déplore Mme Amiot. « Mais comment peut-on leur en vouloir alors que le gouvernement est loin d’être exemplaire ? Comment leur en vouloir alors que tant d’autres enchaînent les propos homophobes et sexistes ? », a-t-il poursuivi, citant en exemple le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, celui de l’Intérieur, Gérald Darmanin, « et bien sûr [la ministre des collectivités territoriales Caroline] Cayeux qui affirme toujours son mépris des homosexuels.
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En 2013, au moment du débat sur la loi mariage pour tous, Christophe Béchu avait signé une tribune dans l’hebdomadaire conservateur Valeurs Actuelles contre la réforme, lorsque M. Darmanin avait déclaré qu’il n’épouserait pas les couples de même sexe. Mairie de Tourcoing. En 2016, M. Béchu a également interdit les affiches de prévention du VIH “situées à proximité des écoles” dans la ville d’Angers.
Caroline Cayeux ‘excusée’ défend le gouvernement
“Vous visez des ministres, vous visez un ministre en particulier, il s’est excusé et aujourd’hui il travaille pleinement aux côtés d’Elisabeth Borne”, a répliqué Isabelle Rome, ministre de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la Diversité, sous les huées de la gauche.
“Concernant la lutte contre les LGBTphobies, nous n’avons pas à avoir honte”, a-t-il dit, avant d’argumenter : “Celui qui a ouvert la PMA à toutes les femmes, qui a interdit les thérapies de conversion, qui a fait évoluer le don de sang (…), c’est le parlementaire majorité ! Mme Rome a également annoncé qu’elle convoquerait “à la rentrée” le comité de suivi du “plan LGBT” du gouvernement, lancé par sa prédécesseur Elizabeth Moreno.
Concernant les propos de Caroline Cayeux, “ce n’est pas de la maladresse, c’est un crime”, la députée écologiste Marie-Charlotte Garin est toutefois intervenue, quelques instants après sa collègue des bancs, qualifiant également “les propos de Mme Cayeux pour ce qu’ils sont : des propos homophobes”. Revenant également sur les déclarations précédentes d’autres ministres, il a ainsi interpellé le Premier ministre en lançant : “Mme Bourne, comment pouvez-vous nommer ‘ces personnes’ dans votre gouvernement ?” »
C’est Olivier Véran, porte-parole du gouvernement, qui a cette fois répondu. L’ancien socialiste a soutenu la bataille de la gauche en 2013 pour faire passer la loi sur le mariage pour tous au Parlement, affrontant “d’autres députés qui auraient pu avoir des propos qui pourraient blesser”, “parfois violents”.
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“Aujourd’hui, avec dix ans de recul, dix ans de bonheur pour des milliers de familles, pour des milliers d’enfants, je pense que les positions des parlementaires, qui s’opposaient à l’époque, ont bien évolué car, face au bonheur, Je comprends seulement que nous avons fait une erreur en voulant nous opposer”, a-t-il déclaré.
Si “certains mots peuvent blesser, peuvent offenser”, “il faut faire attention à ne pas les dire voire plus, il faut faire attention à ne pas y penser”, a reconnu le ministre. Mais dans les sièges de l’Assemblée et notamment « du gouvernement » et « des députés de la majorité », « nous avons un point commun : le désir ardent de faire évoluer notre société pour qu’elle reflète toute sa diversité. richesse », a plaidé M. Veran. “Il n’y a pas ‘ces gens-là’, il y a des femmes et des hommes qui ne demandent rien de plus que d’être respectés et de les laisser vivre”, a-t-il conclu.
Le monde avec l’AFP