« Oui, nous ferons payer les profiteurs de la crise. Parce que je suis opposé aux rentes, j’affirme que les entreprises qui tirent de la crise des profits doivent payer plus. Pour le pouvoir d’achat, pour la justice sociale, pour la transition écologique », a assuré jeudi sur Twitter le député de la Vienne, renvoyant à son entretien du jour dans les Echos. Dans cette interview, il se prononce pour « une contribution exceptionnelle sur les entreprises qui ont dégagé des profits liés à une situation de rente », au nom d’une vision « social-démocrate de l’économie ». « L’Etat laisse faire, mais quand les gains sont disproportionnés, il doit réguler. C’est dans la lignée de ce que faisaient Lionel Jospin ou Dominique Strauss-Kahn », socialistes au pouvoir entre 1997 et 2002, argumente-t-il. Autre signe de ce débat dans la majorité, douze députés de son aile gauche avaient déposé mardi, à l’initiative de Stella Dupont, députée du Maine-et-Loire, un amendement au projet de loi de finance rectificative proposant une « contribution exceptionnelle de solidarité égale à 15 % du résultat imposable pour les sociétés pétrolières et gazières, de transport maritime et de marchandises redevables de l’impôt sur les sociétés », qui « réalisent un chiffre d’affaires supérieur à 1 milliard d’euros ». Dans un entretien au Monde paru hier soir, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, semble pourtant fermer la porte à une telle taxation. « Ne tombons pas dans une escroquerie intellectuelle qui laisserait penser que toutes les entreprises françaises auraient profité de la crise », met-il en garde. « Avec l’attractivité du pays, la valorisation du travail et le soutien aux entreprises, la baisse des impôts fait partie de l’ADN politique de notre majorité. Affirmons notre identité politique. Ne cédons pas aux sirènes des oppositions. Restons nous-mêmes », insiste le ministre. Bruno Le Maire met toutefois la pression sur les « quelques entreprises, notamment dans les secteurs énergétique et du transport maritime », qui « ont fait des bénéfices importants ». « Nous leur demandons de faire un effort. Je pense en particulier à Total et à CMA-CGM. Elles ont pris des premiers engagements. Doivent-elles faire plus ? Oui, certainement. Nous ferons les comptes lors du projet de loi de finances 2023 », avertit-il. Le président des députés LR, Olivier Marleix, a affirmé mardi n’avoir « aucune hostilité » à mettre davantage à contribution les pétroliers pour faire baisser les prix à la pompe, y compris en taxant leurs « superprofits ».