“Aucune voix ne se fait entendre chez Marin Le Pen” : c’est la ligne adoptée par le Politburo républicain (LR) lundi 11 avril, comme l’a résumé le président du parti Christian Jacob lors d’une conférence de presse post-vote. Après avoir vu leur candidate Valérie Pécresse échouer à l’élection présidentielle sous le seuil des 5 % (4,78 %), les dirigeants de la formation se sont réunis dans trois réunions distinctes pour décider de la position du parti avant le second tour de M. Macron et Mme Le Pen. La proposition adoptée – à une très large majorité de 116 voix contre 130, avec 13 abstentions et une voix contre – précise que le “plan politique et économique [de Marine Le Pen] cela nous conduirait au chaos.” Comme l’a souligné M. Jacob, il est nié que “les républicains sont interchangeables dans le macronisme ou le lepénisme” et qu’”il existe une autre voie, celle de la droite républicaine qui doit exister par elle-même”. Lire aussi : Cet article est pour nos abonnés La destruction de Valérie Pécresse et l’assurance d’une forte agitation chez Les Républicains

Deux lignes à l’intérieur de la fête

Si le chef du parti a confirmé, lors de sa conférence de presse, que “sa famille politique a toujours été et reste un opposant déterminé” au Rassemblement national, les Républicains ont en revanche choisi de ne pas voter pour Emanuel Macron. “Notre famille politique est différente : certains voteront blanc, d’autres voteront Macron, ce sera mon cas et ce n’est pas la peine de participer”, a déclaré M. Jacob. Le chef de l’Etat sortant n’a pas échappé aux critiques. Le bureau politique LR estime en effet que “par cynisme”, M. Macron “a organisé et réfléchi ce second tour” et “veut nous conduire vers un parti uni dangereux pour la démocratie”. “Grâce à cette stratégie, il a contribué à augmenter les votes de désespoir. “Cette irresponsabilité nous conduit à ce résultat, dont nous ne pouvons être satisfaits.” Lire aussi : “Cette fois LR a rejoint le PS parmi les vieux partis usés”
Or, la position arrêtée par LR entend laisser aux électeurs le droit de décider s’ils veulent voter pour le chef de l’Etat sortant, au lieu de s’abstenir ou de voter par contumace. Une position similaire à celle exprimée par Jean-Luc Melanson à ses électeurs dimanche après-midi, légèrement différente de celle choisie par LR en 2017, après la défaite de François Fillon, qui appelait alors à « voter contre Marin Le Pen ». La position adoptée par LR lundi souligne la coexistence de deux lignes différentes au sein du parti et révèle des désaccords internes qui ne lui permettent pas de confirmer un mandat de vote clair. Au sein de LR, il y a d’abord ceux qui aiment la candidate Valérie Pécresse, qui a annoncé dimanche soir qu’elle voterait “consciemment” Emmanuel Macron au second tour “pour éviter l’arrivée au pouvoir de Marine Le Pen et le chaos qui surgissent”, qu’on sache qu’ils voteront pour le chef de l’Etat sortant, avec la logique de “front républicain”. C’est notamment le cas de M. Jacobs, qui a déclaré lundi qu’il mettrait un bulletin Macron dans l’urne le 24 avril, sans valoir “ni déposition, ni adhésion” ni même le président des Hauts-de-France. -Région de France, Xavier Bertrand, l’ancien candidat LR au Congrès Michel Barnier et l’ancienne ministre du sarcasme Rachida Dati. Tous trois ont appelé lundi à barrer la route à Marin Lepen grâce au “bulletin Macron”. Lire aussi : Résultats de la présidentielle 2022 : la plupart des candidats battus votent pour Macron, Lepen soutenu par Zemmour et Dupont-Aignan
De l’autre, il y a en revanche une branche plus à droite du parti qui refuse de “bloquer” en votant pour M. Macron, qui est notamment incarné par le député des Alpes-Maritimes Eric Ciotti. Challenger de M. Pécresse lors du congrès du parti. Ce dernier, qui avait déjà déclaré en début d’année qu’il voterait pour M. Zemour si le candidat d’extrême droite devait affronter Emanuel Macron au second tour, a fait savoir sur TF1 dimanche après-midi que, “personnellement, [il] ne votera pas[it] pas pour Emmanuel Macron.”

Gérard Larcher votera Macron, Bruno Retailleau votera blanc

Plus tard dans la journée, le groupe Les Républicains du Sénat a pleinement profité de la liberté de choix laissée par le parti : le président du Sénat Gérard Larcher votera pour Emmanuel Macron et le président du groupe Bruno Retailleau. blanche. “Le groupe est pleinement uni derrière la ligne de notre famille politique”, a déclaré Retalo à l’AFP après une réunion de deux heures et demie au Sénat lundi après-midi. “Nous ne pouvons pas voter pour Marin Le Pen, mais nous laissons à chacun le choix d’utiliser le bulletin de vote d’Emanuel Macron contre Mme Le Pen ou de voter blanc. Je ne crois plus aux consignes de vote”, a-t-il poursuivi, précisant qu’il votera blanc. “Il n’est pas question de donner la parole à Marin Lepen, mais nous ne sommes pas non plus dissous dans le macronisme”, a-t-il insisté. À lire aussi Dans des états financiers “critiques”, Valérie Pécresse et Yannick Jadot lancent un appel aux dons
“Je voterai pour Emmanuel Macron le 24 avril”, a déclaré Larcher dans un communiqué à l’issue de la réunion, défendant un choix qui correspond aux “valeurs” qu’il porte et à son “parcours”. “Ce n’est ni une fin ni un rassemblement”, a-t-il ajouté, soulignant qu’”après la défaite électorale historique” de LR au premier tour dimanche, “il faut maintenir une démocratie vivante dans notre pays et donc maintenir une démocratie opposition”. Si les deux lignes souhaitent, pour l’heure, continuer à coexister en interne, les premières vibrations se font sentir. Le maire de Châteauroux (Indre), Gil Avérous, membre du bureau politique, a annoncé après le vote qu’il démissionnait du poste de président de la commission des maires LR. “J’ai refusé de voter en faveur de la proposition proposée, qui n’appelait pas explicitement l’élection du président Macron”, a déclaré le responsable dans un communiqué. Ce dernier « répète [sa] volonté de prendre la main tendue par Emanuel Macron”, pour une union et un rassemblement contre l’extrême droite, “dans l’intérêt de la France”, comme l’a affirmé dimanche soir le chef de l’Etat sortant. Le Monde et l’AFP