POLITIQUE – Un miracle n’arrive jamais. Une campagne laborieuse marquée par des ratés en série ne pouvait se transformer en triomphe. Mais avec un score avoisinant les 5%, Valérie Pécresse signe la pire défaite en politique familiale. Jamais, du RPR à l’UMP en passant par les Républicains, la droite goliste n’avait si peu gagné lors d’une élection présidentielle. Pire encore, le président de la région Île-de-France flirte avec le seuil à partir duquel une campagne électorale est indemnisée. Dès lors, une (nouvelle) crise financière douloureuse pour le parti de la rue Vaugirard pourrait s’ajouter à la tourmente électorale. Ce serait humiliant pour un parti avec un faible taux de participation de 18% à l’élection présidentielle de 1981. On rappelle que François Fillon est arrivé à la 3ème place en 2017, avec 20% des voix. Et ce, malgré une campagne catastrophique frappée par le “Penelope Gate”. Un écart qui révèle un échec cuisant pour celui qui est sorti vainqueur du Congrès LR, mais qui n’a pas réussi à trouver le ton juste dans cette campagne qui s’est transformée en chemin de croix. Même Eric Zemour, qui n’avait ni les racines territoriales de LR, ni l’expérience politique qu’il avait acquise au fil des décennies, ni la machine de combat derrière lui, a obtenu un meilleur score. “J’ai dû me battre sur deux fronts : celui du président sortant et celui des extrémistes. Je n’ai pas pu me débarrasser de ce mal et vous convaincre. Le reflet du vote utile joué au maximum. Je prends toute ma responsabilité dans cette défaite”, a reconnu Valérie Pécresse, qui était paradoxalement la seule candidate à avoir eu un vainqueur face à Emmanuel Macron lors d’une projection au second tour.
“C’était prévisible. Mais ce bas est chaud”
“C’était prévisible. “Mais même bas, c’est chaud”, a déclaré un cadre de LR au HuffPost peu de temps après la publication des résultats. Car au-delà de la gifle électorale, se joue l’avenir du parti Golist, dont l’avenir ressemble désormais au modèle du naufrage vécu par le Parti socialiste depuis la famine de Benoît Hamon en 2017. Et avec les divisions qui accompagnent inévitablement les catastrophes de cet ordre. Celles-ci n’ont pas attendu. “Quels que soient les chiffres, la défaite est brutale, c’est une gifle”, a déclaré à TF1 Eric Ciotti, finaliste au Congrès LR et porte-parole de l’ex-extrême droite UMP. “Personnellement, je ne voterai pas pour Emmanuel Macron au second tour”, a-t-il déclaré. Car contrairement à Eric Ciotti, la candidate LR a dit qu’elle voterait “consciemment” pour le chef de l’Etat contre Marine Le Pen. “Les votes exprimés en mon nom ne m’appartiennent pas. “Mais j’exhorte les électeurs qui m’ont honorée de leur confiance à peser sérieusement dans les prochains jours les conséquences potentiellement catastrophiques pour notre pays et pour les générations futures de toute autre option que la mienne qu’ils envisageraient pour la deuxième tour”, a-t-elle déclaré. Valérie. Pécresse.
Un parti orphelin de Sarkozy
Une polémique qui, entre autres, laisse présager le pire pour la formation de Christian Jacob, qui se partage entre l’aile droite de la Macronie et la fracture creusée par Éric Zemmour. Orphelin d’un Nicolas Sarkozy qui n’évaluait pas sa comparution ou apportait peu de soutien au candidat LR (qui a agi comme un poison lent dans sa campagne), le parti semble engagé dans un massacre en profondeur, et les deux désaccords semblent incompatibles.
Éric Ciotti ne veut pas voter pour Emmanuel Macron pour bloquer Marine Le Pen ? C’est exactement le contraire de ce que pensent Rachida Dati ou Damien Abad, président du groupe LR à l’Assemblée nationale. Ce qui n’est pas du tout anodin : c’est justement à cause de la position ambiguë des Républicains sur le duel Macron/Le Pen en 2017 que Valérie Pecres a quitté le parti.
Dans ce contexte, il n’est pas étonnant de voir d’anciens républicains se rallier à Emanuel Macron pour écarter leurs anciens camarades. “Je rends hommage à Valérie Pécresse, qui a donné un match terriblement difficile et qui affirme clairement qu’elle votera pour Emmanuel Macron. “Mon ancienne famille politique n’a fait que des déductions : elle paie ce soir, comme elle paie sa ligne politique de division !”, a écrit sur Twitter le président de la région Paca, Renaud Muselier. Lundi, le parti de droite réunira son conseil stratégique puis son bureau politique. Sans aucun doute, il y aura de nombreux désaccords et des perspectives peu enthousiastes.
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