Publié aujourd’hui à 13h03, mis à jour à 13h21 Sur réservation pour nos abonnés FactDeux sarcophages en plomb, une paroi mystérieuse, mais surtout un luxueux paravent multicolore : les résultats des recherches menées dans le sous-sol de la cathédrale, publiés jeudi 14 avril, sont jugés “exceptionnels”. Ce serait une guerre éclair. Trois semaines de fouilles réglementaires sous Notre-Dame de Paris, avant le coulage d’une épaisse dalle de béton et l’érection d’un échafaudage de 600 tonnes pour la reconstruction de la fameuse flèche, disparue dans l’incendie de la cathédrale il y a tout juste trois ans. Jeudi 14 avril, c’est pourtant le bilan de neuf semaines et demie de dur labeur publié par l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap). Malgré l’urgence du chantier, l’Établissement public Notre-Dame a accordé trois extensions. Le vendredi 8 avril, l’équipe de cinq chercheurs a officiellement conclu ses recherches, qui ont débuté le 2 février. Pourtant, avec le dernier et subtil resserrement, mardi 12 avril, de laisser le sarcophage en plomb, objet de toutes les attentions, intact sur les remblais. Vue du sarcophage en plomb entouré de cheminées de chauffage du XIXe siècle à Notre-Dame, Paris, le 28 mars 2022. DENIS GLIKSMAN / INRAP
L’annonce de sa découverte, lundi 14 mars, par la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, a fait sensation. Dernière résidence possible d’un haut fonctionnaire religieux, cette tombe anthropomorphe, qui épouse la forme du corps du défunt, n’a pas encore livré tous ses mystères. Nous ne connaissons pas encore le nom ou le grade du pasteur enterré. La protection au plomb a été imaginée pendant un moment. Et si le corps momifié était resté intact ? “Il y avait de petites ouvertures, donc le temps a fait le travail de démontage”, explique Christoph Besnier, le chef d’entreprise. La petite caméra endoscopique a glissé dans des os de scie principalement, des plantes, des morceaux de tissus. “On dirait qu’il y a des morceaux de peau sèche sur son crâne, mais on en saura plus quand on ouvrira le cercueil”, poursuit l’archéologue. L’opération devra être réalisée d’ici quelques mois à l’Institut médico-légal de Toulouse, ancien enseignant dans l’étude des restes humains anciens. “Nous allons faire toutes les recherches nécessaires, mais ce ne sont pas des vestiges archéologiques, ce sont des vestiges humains”, insiste Stéphane Deschamps, chef du service archéologique régional d’Ile-de-France, qui pilote la mission. Le temps de la résurrection viendra. Un espace dans la cathédrale est le choix vers lequel nous nous dirigeons. » Lire aussi : Article pour nos abonnés A Notre-Dame de Paris, un sarcophage vient poser des problèmes
Les derniers jours de fouille ont apporté une grosse surprise. En dégageant complètement le sarcophage, les enquêteurs ont constaté qu’il avait déjà été déplacé. La structure métallique était placée en biais par rapport à une niche trop petite pour l’accueillir correctement. “C’était au milieu des remblais, en pente, à l’envers”, raconte Besnier. Si c’était sa position de départ, il serait au moins à plat. Pour l’instant, il est impossible de savoir quand le voyage a eu lieu. Ou quand le fonctionnaire est mort. Des pièces de poterie trouvées dans les remblais qui entourent le sarcophage et qui sont typiques du XIVe siècle suggèrent que le sarcophage a préexisté. “C’est juste un cas d’espèce”, a déclaré le chercheur. Le matériau céramique pourrait également être déplacé. Et le sarcophage n’est pas dans sa position première. Les sarcophages en plomb sont très rares à l’époque médiévale. La réponse, cependant, sera obtenue par la datation au carbone des os et l’analyse des tissus. Et si on trouve des objets à l’intérieur, ce sera encore mieux. » Il ne vous reste plus qu’à lire 56,94% de cet article. Ce qui suit est réservé aux abonnés.