La Russie avait complètement fermé ce robinet d’énergie dont dépendent de nombreux pays européens le 11 juillet, officiellement pour l’entretien. Cependant, de nombreuses voix ont depuis accusé Moscou de tenter d’étrangler l’économie de l’Europe occidentale, et particulièrement de l’Allemagne, en représailles au soutien offert à l’Ukraine et aux sanctions imposées à la Russie.
Moscou nie avoir utilisé le gaz naturel comme arme
Mercredi, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a accusé le régime de Vladimir Poutine d’utiliser le gaz naturel comme arme dans la confrontation entre lui et l’Occident. Des accusations que Moscou écarte. Au lieu de cela, le Kremlin soutient que ce sont les sanctions et restrictions économiques imposées par l’Occident qui sont à l’origine des problèmes techniques du gazoduc Nord Stream. Ce sont ces restrictions qui empêchent les réparations d’équipements, y compris les turbines des stations de compression, a déclaré le porte-parole présidentiel Dmitri Peskov lors de sa conférence de presse quotidienne, selon l’AFP. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov (dossiers). Photo : Reuters / Agence photo Spoutnik Le sort de six turbines de pipeline en réparation au Canada a fait l’objet de nombreux débats ces dernières semaines. Le gouvernement de Justin Trudeau a partiellement levé les sanctions contre la Russie pour permettre le retour de ces équipements sensibles en Allemagne, une décision qui lui a valu de vives critiques, notamment de la part du président ukrainien Volodymyr Zelensky.
L’Allemagne craint des pénuries cet hiver
L’Allemagne pousse donc un soupir de soulagement, mais le répit pourrait être de courte durée. Les craintes d’une nouvelle coupure de l’approvisionnement en gaz naturel persistent dans la principale économie européenne. Début juin, Berlin achetait encore 35 % de son gaz naturel à la Russie. Bien que ce chiffre ait diminué de 20 % depuis le début de la guerre en Ukraine, une grande partie de l’économie allemande reste dépendante de cette source d’énergie. Et avec des livraisons toujours en baisse, l’Allemagne pourrait voir son PIB se contracter de 6,5% entre 2022 et 2023, selon les prévisions des instituts économiques. Si l’approvisionnement en gaz naturel reste à 40 % de la capacité de Nord Stream, l’Allemagne estime qu’il y aura une pénurie à partir de février 2023, ce qui serait dévastateur pour de nombreux ménages. Environ 55 % d’entre eux utilisent encore le gaz naturel pour se chauffer. À la recherche de solutions, Berlin investit des milliards dans le développement de nouveaux terminaux qui lui permettront d’importer du gaz naturel par voie maritime, mais ceux-ci ne devraient voir le jour que fin 2022, voire 2023. Pendant ce temps, le gouvernement allemand a redémarré une partie du charbon. a mis le feu à des centrales électriques et réévalue même l’utilisation de l’énergie nucléaire, qu’elle avait promis d’éliminer progressivement.
L’UE demande un rapport, le Portugal et l’Espagne protestent
Pour passer l’hiver prochain, l’Allemagne devra peut-être faire appel à la solidarité européenne, d’autant plus que le pays exporte lui-même 40 % du gaz russe qu’il reçoit vers des pays comme la République tchèque et l’Autriche. Une crise du gaz dans la centrale économique de l’Union européenne provoquera des troubles à travers le continent, a déclaré Constanze Stelzenmueller, experte du groupe de réflexion de la Brookings Institution. Dans cet esprit, mercredi, la Commission européenne a demandé à ses 27 membres de réduire volontairement la demande de gaz de 15% à partir du mois prochain. L’Union européenne a proposé à ses États membres de réduire leur consommation de gaz naturel d’au moins 15 % dans les mois à venir. Photo : Associated Press/Virginie Mayo Une mesure disproportionnée, selon le ministre portugais de l’Energie João Galamba, qui promet que son pays s’opposera à cette résolution. ” [Cette proposition] ne convient pas aux pays non interconnectés [au réseau gazier]. » — Une citation de Joao Galamba, ministre d’État à l’environnement et à l’énergie du Portugal Nous utilisons du gaz par nécessité absolue, a déclaré Galaba au journal portugais Publico. Selon lui, cette mesure n’est pas réaliste pour le pays, à un moment où le pays a dû fortement augmenter sa consommation de gaz en raison de l’extrême sécheresse de cette année. Ainsi, le Portugal rejoint l’Espagne qui s’oppose également à cette proposition qu’il juge injuste et potentiellement inefficace.