Dans l’avion la sérénité est visible pour toutes les personnes de la mission qui accompagne le candidat. Même les turbulences provoquées par les rafales de vent lors du décollage n’ont pas altéré l’enthousiasme des hommes de droite de Marine Le Pen, Sébastien Chenu et Steeve Briois. A trois jours du premier tour, les deux ténors du Rassemblement national consultent les derniers sondages sur leurs smartphones. “Aujourd’hui on récolte ce qu’on a semé. Marine a voulu dès le début de sa campagne mettre le paquet dans le pouvoir d’achat et elle l’a fait en sillonnant la France entière. Elle est allée directement avec les Français et aujourd’hui elle paie”, raconte-t-elle. . Député RN du Nord. Les proches du candidat ont des raisons d’avoir l’air satisfaits. Pour la première fois depuis le début de la campagne, le dernier baromètre Ipsos-Sopra Steria pour France Télévisions place Marin Le Pen à seulement trois points d’Emmanuel Macron au premier tour. En un mois, la candidate RN a obtenu six points et, au second tour, face à Emmanuel Macron, elle sera désormais créditée de 46 % des intentions de vote, selon la même étude. Une dynamique sonore qui n’a pas échappé aux milliers de ses supporters réunis jeudi après-midi au Parc des expositions de Perpignan. Dans cette ville conquise en 2020 par son ex-concubin Louis Alyot, de nombreux habitants ont déjà atteint son objectif. “Même si c’était 2% dans les sondages, je voterais quand même pour lui. C’est le seul qui comprend les pauvres comme nous, ceux qui n’ont plus grand-chose à la fin du mois”, a déclaré Monique, une ancienne Conseiller commercial de Perpignan qui perçoit 800 euros de pension par mois. Et les quelques points qui séparent leur champion d’Emmanuel Macron les ont encore plus galvanisés. Dans la file d’attente, avec des drapeaux “Marine President”, se trouvent tous ceux qui hésitaient jusqu’à récemment avec le bulletin d’Eric Zemmour. C’est le cas de Roger et Sophie, un couple d’agriculteurs de la région, qui a finalement choisi de voter député du Pas-de-Calais. “On a longtemps hésité entre les deux candidats, mais quand on regarde les sondages, on préfère voter pour Marin”, crient-ils presque. “Marin Le Pen est le seul candidat à défendre le pouvoir d’achat et c’est surtout le seul qui peut battre Emmanuel Macron aujourd’hui.” Roger et Sophie, agriculteurs à Perpignan chez franceinfo “Fin de la politique” du président sortant, c’est le souhait d’Hervé, un plombier, qui décrit avec beaucoup d’amertume les résultats du candidat Macron. “Je me déplace dans toute la région pour intervenir auprès de mes clients, mais quand je vois le prix de l’essence aujourd’hui, je me demande si je peux continuer à voyager. Il ne fait rien pour baisser le prix alors que Marin Le Pen annonce qu’il va baisser la TVA sur le carburant à 5,5 % au lieu de 20 % aujourd’hui », clame le père de famille de 46 ans, qui espère une « grande mobilisation des citoyens » dimanche. Après avoir consacré une partie de son discours au pouvoir d’achat et à son “travail social” qu’elle dit “entreprendre”, critiquant la “politique déloyale” du candidat à la présidentielle, Marin Le Pen a vivement exhorté ses partisans à se rendre aux urnes dimanche. . “L’histoire ne peut pas s’écrire sans vous, surtout si vous avez la France dans votre cœur. Je vous exhorte à aller aux urnes. A l’élection présidentielle, nous ne sommes pas loin derrière. Le peuple est en train de gagner.” Marin Le Pen, candidat à la présidence du RN lors d’un meeting à Perpignan Mais si de bons sondages permettent aujourd’hui à Marin Le Pen de se qualifier pour le second tour, peut-il espérer gagner le pari le 24 avril et devenir président de la République ? Pour de nombreux cadres du RN, Marin Lepen pourrait compter au second tour sur les votes des abstentions, d’Eric Zemour et éventuellement de Valérie Pecres, mais aussi de la gauche. “Je ne vois pas d’électeurs de gauche, surtout ceux de Jean-Luc Melanson, se lever pour sauver Macron. Il est tellement détesté par cet électorat.” Sébastien Chenu, représentant de Marine Le Pen chez franceinfo Un scénario largement façonné par Mathieu Gallard, directeur des études chez Ipsos. Selon le sondage, 20 % des électeurs de Jean-Luc Mélenchon pourraient décider de ne pas bloquer l’extrême droite cette fois, contre 7 % en 2017. Mais la majorité des électeurs de La France insoumise sont actuellement en troisième position. Selon les sondages d’opinion, il pourrait s’abstenir ou reporter le vote en faveur du chef de l’Etat. “Même si le front républicain est encore plus faible qu’il ne l’était il y a cinq ans, il est certain qu’il restera en place”, a-t-il déclaré. Trois jours après le premier tour et plus de deux semaines après le verdict final, le sort présidentiel dépend encore de nombreux paramètres. “C’est certain que si on veut aligner les planètes il ne faut pas se tromper”, confie un proche du candidat. “Mais puisqu’Emmanuel Macron ne fait pas campagne, nous sommes libres de continuer à formuler nos propositions et à persuader bien au-delà de notre base”, a déclaré un proche du candidat.